DES CITOYENS de la première puissance mondiale faisant la queue dans un lycée transformé en clinique géante pour y recevoir des soins gratuits : la scène a quelque chose d’irréel. Pourtant, c’est un fait : les cliniques gratuites continuent de faire le plein aux États-Unis. Ces photos-ci ont été prises le dernier week-end d’octobre à Signal Mountain, dans le Tennessee : la preuve en images que la réforme Obama n’a pas encore porté ses fruits. En deux jours, un millier de personnes ont vu dentistes, ophtalmos et généralistes. À la chaîne. L’agenda de la fondation RAMUSA* est surchargé : les 13 et 14 novembre, ses bénévoles renouvelleront l’opération dans une école de Smithville.
Tout aussi accablante, une étude fraîchement menée par l’université Columbia classe les États-Unis en dernière position s’agissant de l’espérance de vie dans les pays industrialisés. En 1975, les États-Unis occupaient la 3e place. L’obésité, le tabagisme et les homicides ne peuvent à eux seuls expliquer ce mauvais score, selon les chercheurs, qui jugent inefficace le système de santé américain – pourtant le plus cher au monde.
Affaibli, Barack Obama n’a eu de cesse, ces dernières semaines, de rappeler que le changement promis en 2008 prendra du temps. Et l’on a vu sa femme voler à sa rescousse, faisant campagne pour la santé des jeunes. Mais l’opinion des Américains n’est toujours pas acquise à la cause d’une assurance-maladie élargie. La question de la santé influera aujourd’hui sur le vote de près d’un Américain sur deux. D’après un sondage, 41 % des électeurs sont favorables à l’abrogation par le Congrès de plusieurs mesures inscrites dans la loi signée par le président Obama le 23 mars 2010.
Vers un démantèlement ?
La réforme sera-t-elle appliquée ? Ou démantelée, comme le promettent les républicains ? Plusieurs mesures sont d’ores et déjà entrées en vigueur, notamment l’obligation faite aux assureurs, depuis le mois de septembre, de couvrir les enfants malades. Mais le gros de la réforme – l’extension de Medicaid et la mise en place d’une Bourse Santé – sera mis en route en 2014. Une flopée de décrets d’application sont attendus d’ici là. Les républicains, aidés par certains lobbies, œuvrent dès à présent pour en ralentir l’adoption. L’économiste de la santé new yorkais Victor Rodwin s’attend à des tensions multiples : entre l’État fédéral et les États fédérés, mais aussi à l’intérieur même du parti républicain. « Les gouverneurs républicains chargés d’appliquer la loi soutiennent les efforts pour ralentir son application, et leurs administrateurs civils, également chargés d’appliquer la loi, sont tentés d’obtenir des fonds du gouvernement fédéral pour aider leurs électeurs sans assurance santé », remarque-t-il.
Vingt États américains poursuivent le gouvernement fédéral, estimant la réforme anticonstitutionnelle. Ils contestent l’obligation, imposée par l’État, de s’assurer à partir de 2014 – sous peine d’une amende. Une audience sur la question aura lieu le 16 décembre.
* L’actualité de la fondation RAMUSA, pour « Remote Area Medical in USA », est en ligne sur www.ramusa.org
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