IL EST GRAND et pourtant si discret. Dans les travées du De Moriaan, la salle qui accueille le tournoi d’échecs de Wijk Aan Zee, Alex Roose se faufile sans un bruit. Pour la septième année consécutive, il est l’un des arbitres de la prestigieuse compétition qui se déroule dans ce village des Pays-Bas, le long de la mer du Nord. L’aventure a démarré en 2004. « Pour devenir arbitre international, j’avais besoin de suivre un stage, explique-t-il. J’ai rencontré l’organisateur de l’événement qui recherchait également un médecin permanent. L’année précédente, un spectateur avait eu un sérieux problème de santé. L’idée a rapidement germé dans son esprit. Je suis devenu à la fois arbitre et médecin du tournoi. »
À 60 ans, Alex Roose peut ainsi concilier ses deux passions : la médecine et les échecs. Tous les ans, il prend deux semaines de vacances en janvier pour arbitrer un open qui réunit de grands espoirs du jeu des rois. Il est également prêt à intervenir si l’un 600 joueurs professionnels ou amateurs du tournoi est victime d’une urgence médicale. Le généraliste, né aux Pays-Bas, a vécu à Wijk Aan Zee. Il a fait ses études de médecine à Leiden avant de partir en 1976 à Curaçao, une île des Antilles néerlandaises au large des côtes du Venezuela. Le médecin a rejoint son père qui y était juge dans les années 1950. « Il reste de fortes relations entre Curaçao et les Pays-Bas, explique Alex Roose. L’île a un gouvernement mais elle n’est pas indépendante. Chaque habitant a un passeport néerlandais et les Pays-Bas gèrent les affaires étrangères. » À Curaçao, le médecin joue parfois aux échecs à bon niveau quand il n’organise pas lui-même des compétitions. En 2002, Alex Roose a réuni les participants toujours vivants du célèbre tournoi des candidats, qualificatif au championnat du monde, qui s’était déroulé quarante ans auparavant à Curaçao. Victor Korchnoi ou Pal Benko ont répondu présents, eux qui s’étaient opposés alors au vainqueur soviétique Tigran Petrosian et au génial Américain Bobby Fischer.
Pas beaucoup de travail.
À Wijk Aan Zee, Alex Roose n’a pas beaucoup de travail en tant qu’arbitre. Il le reconnaît lui-même : « Les joueurs sont disciplinés et il y a très peu de litiges à régler ». Il est parfois sollicité pour ses fonctions de médecin. « Je surveille quotidiennement un grand maître qui souffre d’une maladie chronique, dit-il sans s’épancher sur son identité ni sur sa pathologie. J’interviens quand les joueurs me le demandent et aussi parfois pour les responsables du comité d’organisation. »
Depuis qu’il officie, le généraliste n’a pas eu à sortir souvent la trousse médicale qui est toujours à sa disposition sous sa table d’arbitre. « Il y a deux ans, j’ai dû intervenir pour un cas sérieux, commente-t-il. Un joueur amateur est tombé dans le coma. Il s’était saoulé la veille. Il était dans un état de fatigue et de stress extrêmes. Je me suis assuré qu’il respirait et que son cœur battait normalement et je l’ai fait transférer par ambulance à l’hôpital le plus proche à Beverwijk. »
La pratique des échecs n’est pas violente mais la présence d’un médecin est recommandée à Wijk Aan Zee. Les participants du tournoi sont en grande majorité des retraités. « Le joueur le plus âgé a 99 ans, rigole le médecin. Les échecs, cela conserve. » Le médecin regarde sa montre. Dans un quart d’heure, les joueurs vont se présenter dans la salle de jeu. « Je vais devoir aller travailler », s’amuse-t-il, tout sourire.
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