L’INFLAMMATION, qui joue un rôle central dans la genèse des maladies cardiovasculaires, est également trouvée chez les modèles animaux d’exposition à des particules fines aéroportées. L’amiante est un agent dont le pouvoir pro-inflammatoire est montré. Le lien entre asbestose et maladies cardiovasculaires apparaît logique. Pourtant jusqu’ici, rien n’avait été formellement prouvé. La question a été documentée par une équipe du Royaume-Uni. Anne-Helen Harding et coll. ont utilisé des données d’une grande cohorte de travailleurs exposés à l’amiante. En 1971, une étude de surveillance de l’exposition à l’amiante, l’« Asbestos Workers Survey », a été mise en place. Entre 1971 et 2005, 98 912 individus ont accepté d’être inclus dans le protocole, qui comporte une surveillance médicale pour détecter précocement les maladies reliées à l’amiante.
La mortalité par maladies cardio et cérébrovasculaires a été déterminée pour ce groupe de sujets, au terme d’un suivi médian de 19,3 ans. Les taux de mortalité pour ces pathologies ont été calculés avec et sans ajustement pour le tabagisme. Un modèle de régression de Poisson incluant l’âge, le genre, le tabagisme, le travail et la durée d’exposition a été appliqué pour évaluer les associations entre les indicateurs de l’exposition à l’amiante et la mortalité.
Les résultats montrent un excès significatif de mortalité par maladies cérébrovasculaires et par myocardiopathies ischémiques. Les taux moyens standardisés de mortalité pour les AVC sont de 1,63 chez les hommes et de 2,04 chez les femmes ; pour les cardiopathies ischémiques, ils sont de 1,39 chez les hommes et de 1,89 chez les femmes.
La comparaison avec la mortalité pour ces affections dans la population générale, montre une augmentation significative chez les travailleurs exposés à l’amiante, que l’on fasse ou non un ajustement pour le tabagisme. Les taux de mortalité de toutes causes et de cause cardiovasculaire sont élevés dans cette cohorte, remarquent les auteurs. D’une part, cela a déjà été observé pour des cohortes exposées à l’amiante. Et d’autre part, les taux de mortalité plus élevés après ajustement pour le tabagisme peuvent être mis en relation avec la toxicité de l’amiante, mais aussi avec la catégorie des travailleurs. Les études comparatives antérieures ont montré une fréquence plus élevée de maladies coronariennes chez les travailleurs manuels, comparativement avec les non manuels.
Par ailleurs, les risques de mortalité sont associés de façon positive avec les indicateurs de l’exposition professionnelle à l’amiante, avec une relation proportionnelle à la durée et à l’âge du sujet. L’association est encore plus forte pour les cardiopathies ischémiques.
Tabagisme.
Les études sur la pollution particulaire aéroportée (pollution ambiante) montrent aussi que l’effet nocif est plus marqué vis-à-vis des maladies cardiaques que des maladies cérébrovasculaires.
Enfin, les auteurs observent que l’accroissement du risque de cardiopathie ischémique avec l’âge et avec la durée d’exposition à l’amiante est plus important chez ceux qui n’ont jamais fumé et chez les anciens fumeurs, que chez les patients encore fumeurs. Ils émettent l’hypothèse « que l’association entre l’exposition à l’amiante et la mortalité par maladie cardiaque ischémique pourrait passer par une voie de l’inflammation, indépendante des effets du tabagisme ». Quoi qu’il en soit, c’est chez les sujets qui fument encore que la mortalité est la plus forte dans ce groupe.
Journal of Occupational Medicine, 2 avril 2012. Doi : 1.1136/oemed-2011-100313.
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