LA RÉFORME, si largement décriée, est insuffisante pour rétablir l’équilibre financier de base. Elle prévoit déjà une révision démographique et financière à l’horizon 2018. Elle est pénible pour le monde du travail, mais le gouvernement a tenté d’en atténuer les effets les plus négatifs. Si le débat n’était que technique et arithmétique, elle serait passée au nom d’une nécessaire rigueur. Sa mise en route est compliquée par la défiance qu’inspirent à la population Nicolas Sarkozy et son gouvernement, ainsi que par les soupçons qui pèsent désormais sur Éric Wœrth, ministre du Travail et maître d’œuvre de la réforme, que M. Sarkozy n’a pas voulu écarter au nom d’une fidélité qui l’honore mais qui complique le jeu politique.
Des retraites financées par l’emprunt.
La réforme n’est pas juste, au sens où aucune ne l’est, dans la mesure où elle réduit les avantages acquis et demande des sacrifices à la classe moyenne et aux plus pauvres. Il ne fait pas de doute que le gouvernement se concentre surtout sur les déficits publics, et moins sur les conséquences sociales de leur réduction. Mais, d’une part, il démontre que l’augmentation de l’espérance de vie et de la qualité de la vie atténue l’effort exigé des actifs. Et, d’autre part, s’il consent à faire des exceptions trop nombreuses, par exemple au titre de la pénibilité, il ouvre une boîte de Pandore et risque d’annuler les économies budgétaires qu’il souhaite faire. Il suffit de savoir, comme l’a souligné à plusieurs reprises Nicolas Sarkozy, que, pour payer la retraite de base à la totalité des retraités, l’État, chaque année, emprunte 10 % du budget de la Caisse nationale d’assurance vieillesse (CNAV). Ce montant n’inclut pas la retraite des fonctionnaires, dont les cotisations sont insuffisantes et qui est financée chaque année par une contribution de plusieurs milliards de l’État. Ceux qui parlent de réforme inique oublient complètement que l’État, c’est les contribuables et que c’est l’ensemble de la population qui finance partiellement la retraite des fonctionnaires (et d’autres).
REFUSER LA RÉFORME, C’EST CRÉER UN DOGME DE L’IRRESPONSABILITÉ
De même que l’on oublie, dans le débat, l’effet accélérateur d’une crise dont les conséquences ont été plus négatives en 2010 qu’en 2009, et qui a contraint la France à réduire ses déficits plus tôt qu’elle ne le croyait. On peut adresser à ce gouvernement une multitude de reproches, on ne peut pas le critiquer parce qu’il lutte contre une dérive déficitaire qui ruinerait les cotisants et les bénéficiaires à brève échéance. En d’autres termes, dénoncer le passage de l’âge de la retraite de 60 à 62 ans, dénoncer le passage de 65 à 67 ans pour ceux dont la carrière a été interrompue, c’est appliquer la politique de l’autruche, faire croire qu’il existe d’autres solutions que la prolongation des carrières (lesquelles ? la réduction du budget de la Défense ou de celui de l’Éducation nationale ?), créer de toutes pièces un dogme populiste de l’irresponsabilité. Le peuple qui manifeste, avec des pancartes exigeant la retraite à 55 ans (et pas un an de plus) se livre à un exercice d’illusionnisme. Ni la droite ni la gauche ne sont des fakirs capables de trouver 1 000 milliards au pied levé. Le gouvernement ne souhaite pas que les Français s’appauvrissent, il leur propose seulement de travailler un peu plus longtemps pour maintenir leur train de vie actuel. Car c’est la consommation, donc la croissance qui nous permettra in fine de résorber nos déficits et sûrement pas les RTT et les retraites anticipées.
Bien entendu, la réforme n’est pas tendre pour les actifs. Bien entendu, ceux qui travaillent dur, ceux qui font des efforts physiques, ceux qui n’ont pas vraiment l’espoir d’une promotion, tous ceux-là la trouvent mauvaise ; de même que les seniors que les entreprises ne veulent pas garder, de même que les jeunes qu’elles ne veulent pas embaucher. Non, la réforme n’ouvre pas les portes du paradis. Mais, dans dix ans, qui en sentira encore les effets pervers ? Qui ne s’y habituera pas ? Pourquoi s’interdire d’espérer que, lorsque la croissance sera revenue, le niveau de vie des Français s’améliorera et relativisera alors les sacrifices exigés par la réforme ?
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
Dès 60 ans, la perte de l’odorat est associée à une hausse de la mortalité
Troubles du neurodéveloppement : les outils diagnostiques à intégrer en pratique
Santé mentale des jeunes : du mieux pour le repérage mais de nouveaux facteurs de risque