Le carbone suie, contributeur majeur au surrisque de cancer du poumon selon une étude française

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Publié le 24/03/2021
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Crédit photo : PHANIE

Le carbone suie augmente de 17 % le risque de cancer selon une étude française publiée dans la revue « Environmental Health Perspectives », et de presque un tiers le risque de cancer du poumon, ce qui fait de ces particules d’un diamètre inférieur à 2,5 µm une des principales causes du cancer lié à la pollution atmosphérique.

Depuis 2013, l’ensemble des particules fines sont classées comme cancérigènes par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), mais on manquait d’information précise sur les impacts respectifs des différents composés de ces particules. Les chercheurs de l’université de Rennes 1 et de l’École des hautes études en santé publique (EHESP) à l’Institut de recherche en santé, environnement et travail (Irset) et de l’université Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines se sont intéressés au carbone suie, produit de la combustion incomplète des hydrocarbures.

Une exposition médiane qui augmente depuis 1989

Les chercheurs se sont appuyés sur les données de santé des participants de la cohorte Gazel qui regroupe environ 20 000 participants suivis tous les ans pour tout ce qui concernent les facteurs de risque de cancer (consommation d’alcool, tabagisme, expositions professionnelles). Les données sur le lieu de résidence y sont également compilées. Les chercheurs ont croisé ces données avec des estimations des niveaux de pollution aux particules fines issues du projet européen Elapse.

Ils disposaient de données d’exposition et de suivi entre 1989 et 2015. Au cours de cette période de 26 ans, 3 711 cancers ont été diagnostiqués, dont 349 cancers du poumon. L’exposition médiane au carbone suie en 1989 était de 2,65 x 10-5/m. Les auteurs précisent que les niveaux d’exposition diminuaient légèrement avec le temps. En comparant les 25 % de membres les plus exposés aux 25 % les moins exposés, les chercheurs ont constaté une augmentation de 17 % du risque de cancer, et de 31 % du risque de cancer du poumon. En appliquant un décalage de 2 ans entre la fin de l’exposition et la survenue de ces effets, le surrisque de cancer était le même.

Des indications pour les politiques publiques

Pour les auteurs, ces résultats ne peuvent pas être exploités pour formuler des recommandations pour réduire son exposition au niveau individuel, mais peuvent servir de point de repère pour de futures politiques publiques en matière de régulation de la pollution atmosphérique.

« Nous espérons donc que nos résultats participeront à étendre les connaissances pour orienter et affiner ces politiques, par exemple en prenant des mesures spécifiques contre le carbone suie qui vient principalement du trafic automobile », souligne Bénédicte Jacquemin de l’université de Rennes 1 et dernière auteure de l’étude. La même équipe souhaite désormais continuer ses analyses pour étudier l’effet sur la santé d’autres polluants spécifiques, notamment les métaux.


Source : lequotidiendumedecin.fr