La nouvelle campagne nationale de prévention du VIH ciblée sur les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) n'est pas du goût de tout le monde. Pourtant, c'est une réalité aujourd'hui en France : la population des HSH reste la plus exposée à la contamination VIH et aux autres IST, comme le rappellent les derniers chiffres de Santé publique France publiés dans le « Bulletin Épidémiologique Hebdomadaire » (« BEH »).
Le nombre de découvertes de séropositivité reste stable depuis 2011, avec près de 6 000 cas en 2015, 70 % étant des hommes, révèle le « BEH ». Deux groupes à risque sont nettement plus touchés que les autres : les HSH et les étrangers hétérosexuels nés à l'étranger, qui représentent respectivement 43 % et 38 % des découvertes en 2015. À l'inverse, la part des usagers de drogue (UDI) dans les découvertes de séropositivité reste très faible (environ 90 cas, soit 2 %).
La situation est préoccupante chez les HSH, car comme l'indique l'agence, « à l'inverse ce qui est observé chez les hétérosexuels, hommes ou femmes, qu'ils soient nés en France ou à l'étranger », le nombre de séropositivité ne diminue pas dans ce groupe à risque. Environ 2 600 HSH ont découvert leur séropositivité en 2015.
La moitié de ces découvertes chez les HSH sont des diagnostics précoces, c'est le point positif. Mais pour autant, les diagnostics au stade avancé ne reculent pas, de 19 % en 2015. Contrairement aux très jeunes HSH de 15 à 24 ans avec une stabilisation des nouveaux cas (400/an), la tendance est à la hausse chez les plus de 50 ans (400/an).
Boom des comportements à risque
Concernant les autres IST, l'infection à chlamydia reste la plus fréquente avec 81 000 cas (+ 10 %), observée dans deux tiers des cas chez des femmes. Mais la population HSH est, là encore, la plus concernée, puisqu'elle est surreprésentée dans les trois IST en progression, totalisant plus de 80 % des syphilis précoces (+ 56 %), près de 70 % des infections à gonocoques (+ 100 %) et la quasi-totalité des cas de lymphogranulomatoses vénériennes (LGV) rectales (infection à chlamydia d'un sérotype particulier) (+ 47 %).
Dans la population des HSH, l'explosion des IST et le niveau élevé de co-infections par le VIH s'expliquent par « une augmentation des comportements sexuels à risque » et « une utilisation insuffisante du préservatif chez les HSH séropositifs, observée (...) depuis des années », analyse l'agence. Pour Santé Publique France, « cela plaide en faveur de chaînes de transmission (...) d'où l'importance de dépistages réguliers (pour le patient et ses partenaires) et d'un traitement adapté ».
À ce titre, en matière de stratégie de prévention, l'idée chez les HSH est aujourd'hui de « mobiliser largement l'ensemble des outils de prévention » car le préservatif, toujours très fortement recommandé, n'est plus le seul outil disponible. Préservatif, dépistage régulier (VIH, autres IST, VHC) avec recours aux tests rapides d'orientation diagnostique (TROD) ou aux autotests VIH, antirétroviraux à titre prophylactique (prophylaxie pré-exposition, ou PreP, et traitement post-expostion, ou TPE), ces moyens sont à proposer de façon combinée, souligne Santé Publique France. Par ailleurs, les antirétroviraux à visée thérapeutique (TASP) chez les sujets séropositifs ont pour effet de diminuer le risque de transmission en diminuant la charge virale.
Le dépistage généralisé peine à percer
Les étrangers vivant en France, la seconde population la plus à risque de VIH, représentent la majorité des découvertes de séropositivité par rapports hétérosexuels, soit 2 300 personnes sur les 3 200 contaminées au total. Il s'agit de personnes nées en Afrique subsaharienne (70 %) et de femmes (60 %). Près d'un tiers sont encore diagnostiqués à un stade avancé de l'infection.
À ce sujet, le Conseil national du Sida (CNS) appelle les pouvoirs publics à préserver l'accès à la prise en charge des soins pour ces populations étrangères. Le CNS craint qu'un durcissement des conditions d'accès aux soins compromette « la cohérence de stratégies mises en œuvre pour réduire l'épidémie de VIH/SIAD dans notre pays ».
En 2015, les TROD ont été essentiellement réalisés dans le cadre d'actions de « dépistage communautaire », pour 30 % chez des HSH, pour 31 % chez des migrants. Si cette activité reste marginale, avec 62 200 tests, le taux de positivité y est, comme attendu, plus élevé, comme c'est le cas pour les sérologies anonymes réalisées dans les CegIDD (centres gratuits d'information, de dépistage et de diagnostic des infections par le VIH, les hépatites virales et les IST, ex CDAG avant 2016). Les autotests, disponibles en pharmacie depuis septembre 2015, ont été vendus à hauteur de 90 000 unités jusqu'à fin septembre 2016.
Malgré une légère augmentation de l'activité globale de dépistage (+ 3 %) en 2015 par rapport à 2013 avec 5,4 millions de sérologies, Santé Publique France déplore que la recommandation actuelle de dépistage généralisé ne soit pas largement appliquée par les professionnels de santé. Selon l'agence, la difficulté à prescrire le test en population générale « en dehors d'un contexte clinique particulier ou d'une prise de risque » explique en partie ce constat décevant. « La stratégie globale de dépistage du VIH est en cours de réévaluation par la Haute Autorité de Santé (HAS), qui devrait rendre ses conclusions début 2017 », est-il indiqué.
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