ALORS que le contrat d’accès aux soins avec dépassements d’honoraires modérés peine à convaincre les praticiens de secteur II (3 400 praticiens signataires) et a été reporté d’au moins trois mois (nouveau bilan d’étape au 1er octobre), la ministre de la Santé a relancé cette semaine la thématique porteuse de l’accès à la santé des plus démunis.
Lundi, c’est dans les locaux parisiens de l’association « Aurore ce jour »* que la ministre a confirmé la revalorisation du plafond de la CMU-C (tous régimes) de 8,3 %. Les décrets ont été publiés dans la foulée, dès mardi, pour une application au 1er juillet 2013. « Cette décision va permettre à 750 000 personnes supplémentaires de bénéficier d’une aide à la complémentaire », a insisté Marisol Touraine, tout sourire, devant une dizaine de résidents de l’association. Cette revalorisation ouvrira le dispositif à 400 000 nouveaux bénéficiaires de la CMU-C. Par effet domino, 350 000 personnes supplémentaires vont pouvoir souscrire à l’Aide à la complémentaire santé (ACS).
L’IGAS se penche sur le tiers payant.
Lors de cette visite, Marisol Touraine a également défendu la généralisation du tiers payant, un engagement du candidat Hollande « pour les soins de ville en secteur I » (discours de Romans du 13 mars 2012). L’idée, qui divise les médecins, fait son chemin. En février, la ministre de la Santé, prudente, s’y disait « sensible ». Aujourd’hui, elle estime que l’extension du tiers payant est « une piste très prometteuse ». L’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) rendra un rapport sur le sujet « dans les semaines à venir ». Les premières décisions pourraient suivre.
Devant la ministre, des résidents en situation de précarité, bénéficiaires de la CMU-C ou de l’ACS, ont témoigné de leur difficulté à se soigner. « Quand il faut avancer [de l’argent, NDLR], on ne peut pas être malade », a expliqué cette femme grisonnante, qui s’est retrouvée un jour avec « complètement rien ».
La question des refus de soins a de nouveau été évoquée. « J’ai voulu voir un médecin, raconte cette résidente. Il m’a dit "non" quand il a vu que j’étais CMU-C. Un autre a fait la même chose quand j’ai eu un problème des yeux. lls m’ont envoyée à l’hôpital ». Une situation « anormale » pour Marisol Touraine. Interrogée par « le Quotidien », la ministre a dit ne pas vouloir « stigmatiser » les médecins, mais a appelé tous les professionnels de santé à « se saisir de la question ». « Si vous ne voulez pas être sous le coup de mesures contraignantes, vous devez être garants de l’accès aux soins pour tous », les a-t-elle apostrophés.
* Association d’hébergement, de soins et d’insertion sociale et professionnelle des personnes en situation d’exclusion.
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