Dans un récent rapport, des scientifiques du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) et de ses partenaires plaident pour l'extension et l'obligation du Nutri-Score au sein de l'Union européenne et au-delà, alors que les données disponibles mettent en avant son intérêt et sa supériorité par rapport aux autres labels existants.
« Pour maximiser son impact sur la santé publique et contribuer à réduire efficacement les maladies chroniques, le label Nutri-Score scientifiquement validé devrait être obligatoirement apposé sur tous les aliments en Europe, pour plus de transparence pour les citoyens », estime Mathilde Touvier, directrice de recherche en épidémiologie nutritionnelle à l’Inserm et co-auteure du rapport.
Inciter les industriels à améliorer la qualité de leurs produits
Le Nutri-Score est basé sur une version modifiée et adaptée du système de profilage nutritionnel de la British Food Standards Agency (FSAm-NPS). Avec son système en cinq couleurs permettant de classer les produits alimentaires et les boissons selon leur qualité nutritionnelle globale (du « plus sain » au « moins sain »), il s'agit d'un outil clair et simple pour aider la population générale et les patients à faire de meilleurs choix alimentaires et à réduire ainsi leur risque de maladies chroniques, estiment les auteurs. Ils rappellent que l'efficacité du Nutri-Score a été démontrée par des preuves scientifiques solides, qui ont montré sa supériorité par rapport aux autres systèmes d'étiquetage existants.
D'après les données épidémiologiques obtenues auprès de cohortes prospectives de grande échelle dans la population européenne, les personnes qui consomment davantage d'aliments associés à un Nutri-Score défavorable et donc à une qualité nutritionnelle moindre ont un risque accru de cancer, de mortalité globale, et en particulier de mortalité liée aux cancers, aux pathologies respiratoires et digestives.
« La réduction de la mortalité et du risque de cancer liés à une consommation élevée d’aliments ayant une note Nutri-Score favorable a été scientifiquement établie et il est essentiel d’intensifier son utilisation en Europe et au-delà », estime ainsi Mathilde Touvier. Au-delà des consommateurs, le Nutri-Score a aussi vocation à inciter les industriels à améliorer la qualité nutritionnelle de leurs produits et à accompagner les gouvernements dans la mise en œuvre de stratégies de prévention des maladies.
Un blocage en termes de réglementation pour rendre obligatoire le Nutri-Score
En France, le logo Nutri-Score a été lancé officiellement le 31 octobre 2017. Depuis, seuls quelques pays l'ont adopté : la Belgique, l'Allemagne, le Luxembourg, les Pays-Bas, l'Espagne et la Suisse. La Commission européenne avait annoncé en mai 2020 qu'un étiquetage nutritionnel harmonisé sur le devant des emballages serait rendu obligatoire d'ici à la fin de l'année 2022. Néanmoins, selon la réglementation de l’Union européenne en matière d’étiquetage, ce type de label sur les produits alimentaires reste facultatif. « Du fait d’une réglementation européenne (fortement poussée par les lobbies), il n’est pas possible aux États membres de rendre le Nutri-Score ou n’importe quel autre logo obligatoire. Ce serait pourtant nécessaire pour forcer la main des industriels qui résistent encore », expliquait le Pr Serge Hercberg, « père » du Nutri-Score et du programme national nutrition santé, au cours d’un live chat du « Quotidien » en novembre 2020.
En mars de cette année, ce sont ainsi quelque 279 scientifiques (dont le Pr Hercberg et Mathilde Touvier) et 26 associations d’experts de 32 pays européens qui ont appelé dans une lettre la Commission européenne à « adopter le Nutri-Score dès que possible ». Les chercheurs du CIRC rappellent que c'est la science qui doit guider les décisions politiques dans le domaine de la santé publique.
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