Le prix Nobel de physiologie/médecine 2021 a déjoué les pronostics en récompensant ce 4 octobre à Stockholm les Américains David Julius, né en 1955 à New York, et Ardem Patapoutian, né en 1967 à Beyrouth et d'origine libano-arménienne, pour leurs découvertes des récepteurs de la température et du toucher, au début des années 2000.
Leurs « découvertes révolutionnaires ont permis de comprendre comment la chaleur, le froid et la force mécanique peuvent initier les impulsions nerveuses qui nous permettent de percevoir et de nous adapter au monde », a indiqué le jury Nobel à Stockholm. Et résoudre ainsi des questions que se posait déjà René Descartes au XVIIe siècle !
Gènes TRPV1, TRPM8 et Piezo
David Julius, professeur à l'Université de Californie, a utilisé la capsaïcine, un composant actif du piment qui provoque une sensation de brûlure, pour identifier un capteur dans les terminaisons nerveuses de la peau qui réagit à la chaleur : le gène TRPV1. Et pour découvrir le gène TRPM8, récepteur activé par le froid, il a utilisé une substance chimique mentholée… Tout comme Ardem Patapoutian, qui travaillait aussi (quoiqu'indépendamment de David Julius) sur ce sujet.
Ardem Patapoutian, professeur au Scripps Research en Californie, a lui utilisé des cellules sensibles à la pression pour découvrir une nouvelle classe de capteurs qui répondent aux stimuli mécaniques dans la peau et les organes internes. Et de les baptiser « Piezo 1 et 2 » d'après le grec ancien πιέζω, piézô (« serrer, presser »). Son équipe a en outre démontré que le récepteur Piezo 2 jouerait un rôle clé dans la proprioception.
Les découvertes de David Julius et Ardem Patapoutian permettent de développer des traitements dans de nombreuses maladies, notamment la douleur chronique, souligne l'Assemblée du Nobel.
Parmi les favoris de ce 120e anniversaire des Nobel, figuraient Katalin Kariko et Drew Weissman, pionniers des vaccins à ARNm, Max Cooper et Jacques Miller pour avoir découvert que des globules blancs essentiels à l'immunité humaine se divisaient en deux catégories, les lymphocytes B et T, ou encore des experts de l'adhésion des cellules, des nouvelles voies pour des traitements en rhumatologie, ou des champions de l'épigénétique ou de la résistance aux antibiotiques.
Le prix 2020, décerné en pleine pandémie, avait récompensé trois virologues découvreurs du redoutable virus de l'hépatite C, le New-Yorkais Harvey J. Alter, le Britannique Michael Houghton et le Californien Charles M. Rice.
La saison des Nobel se poursuit toute cette semaine avec les prix en physique et en chimie, puis les très attendus prix de littérature et de la paix. Le prix d'économie clôt le millésime le 11 octobre prochain.
C. G. avec AFP
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