POUR LE PRÉSIDENT de la République, la cause est entendue, ce n’est plus un thème d’actualité – « On s’est beaucoup occupé de l’hôpital, il faut que nous nous focalisions sur la médecine de proximité », expédiait-il en avril en lançant la mission Hubert. Les aspirants à la succession de Nicolas Sarkozy n’ont pas l’air de l’entendre tout à fait de cette oreille. En pleine mutation sous l’effet, entre autres, de la loi HPST (Hôpital, patients, santé et territoires), l’hôpital semble au contraire faire l’objet de toutes les attentions dans les états-majors politiques.
Ainsi, c’est du jamais vu, deux poids lourds – l’un de droite, l’autre de gauche – se seraient invités in extremis dans les allées d’Hôpital Expo qui s’ouvre aujourd’hui Porte de Versailles. Même lieu, mêmes enjeux ? Ce grand rendez-vous du secteur hospitalier public va prendre cette année des allures de… salon de l’Agriculture. Avec en guest-stars Martine Aubry, première secrétaire du PS, qui serait attendue aujourd’hui, et l’ancien Premier ministre Alain Juppé qui a déjà fait savoir qu’il pourrait être candidat à la présidence en 2012 et dont la visite pourrait intervenir jeudi…
Hôpital Expo, c’est tous les deux ans seulement. Il n’y aura donc pas d’autre « tribune » hospitalière de cette ampleur avant les prochaines élections. Peut-être n’est-il pas extravagant, dans ce contexte, d’imaginer que les maires de Lille et de Bordeaux ne veulent pas y laisser Roselyne Bachelot, qui inaugure la manifestation ce matin comme c’est la tradition, occuper seule la scène.
Il y a tout juste un an, commentant sur son blog les remous suscités dans son CHU (celui de Bordeaux) par la loi HPST en cours d’élaboration, Alain Juppé écrivait ceci : « Je ne crois pas, pour ma part, que notre hôpital public soit au bord de la catastrophe. Les quelques expériences que j’ai pu faire à l’étranger m’ont au contraire convaincu que, grâce à la qualité des personnels qui y travaillent, nos hôpitaux comptent parmi les meilleurs du monde, et notre système de santé parmi les plus justes. » Il sera instructif d’écouter son discours après-demain. Conservera-t-il le ton de l’apaisement et surtout du soutien inconditionnel aux choix du gouvernement ou bien sera-t-il plus polémique ?
« Maltraitance ».
Martine Aubry, elle, ne devrait pas créer la surprise sur le fond. Le texte de la « convention nationale » que vient d’adopter son parti tape fort sur la politique hospitalière du gouvernement. Pour les socialistes, il y a eu tout bonnement « maltraitance » de la droite vis-à-vis de l’hôpital public. Nicolas Sarkozy est accusé de « détruire méthodiquement tout en en louant prétendument les vertus (...) le modèle social français » et, dans ce cadre, d’ « attaquer » les services publics – dont l’hôpital – à coup de « privatisations » et de « suppressions de postes » et de « réduire l’accès aux soins ». Quand le chef de l’État ne fixe plus qu’un seul objectif à l’hôpital public – le déficit zéro à l’horizon 2012 –, les socialistes disent, eux, « assumer (leur) volonté de mobiliser les moyens nécessaires pour garantir un accès à des soins de qualité à tous, partout sur le territoire ».
La mobilisation pour l’avenir de l’hôpital va bien au-delà d’une course à l’Élysée qui ne fait que commencer. Localement, la pression monte aussi. Pour des raisons qui n’ont souvent rien à voir avec l’échéance de 2012 (voir encadré). L’exemple parisien, où, sous la houlette vigoureuse du maire socialiste Bertrand Delanoë, le conseil municipal vient de voter un plan de sauvetage de l’AP-HP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris), est spectaculaire mais il n’est pas isolé. Mardi dernier, à Clichy (dans les Hauts-de-Seine), un conseil municipal extraordinaire a voté à l’unanimité une délibération en vue du maintien de l’hôpital Beaujon et résolu, entre autres, d’engager des recours contentieux si les urgences ou la psychiatrie de cet établissement devaient être fermées.
L’hôpital ? Beaucoup de femmes et d’hommes politiques y pensent en se rasant ces derniers temps.
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