NICOLAS SARKOZY a adopté un ton plus sobre et se montre, depuis quelques semaines, d’une discrétion extrême, y compris au sujet de sa prochaine et nouvelle paternité. La disparition politique de Dominique Strauss-Kahn améliore les faibles chances du président pour 2012, même s’il traite le sujet par un silence de bon aloi. Il n’est pas encore remis en selle, mais on n’est plus du tout certain qu’il perdra l’élection présidentielle.
L’UMP court après le FN.
En même temps, on a le sentiment qu’il ne contrôle plus sa majorité parlementaire, qui ne cesse de ruer dans les brancards à propos de toutes sortes de sujets. Ce qui fait apparaître de prfondes divisions, parfois idéologiques, au sein de l’UMP. Les radicaux s’en éloignent sous la houlette de Jean-Louis Borloo, et chez ceux qui souhaitent rester dans le mouvement, une sorte de conflit de tendances se fait jour. M. Sarkozy, soucieux de conserver le cœur de son électorat, a tenté successivement de supprimer l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF), puis de l’amender. Les élus UMP veulent à leur tour apporter leur grain de sel au projet de réforme : soit, guidés par l’idéologie libérale, ils jugent la réforme insuffisante, soit, guidés par la compassion sociale, ils veulent dégager de nouvelles recettes fiscales, pour compenser le milliard qui manquera dans les caisses de l’État. Les intentions électorales du gouvernement sont entrées en collision avec les idées des députés UMP, et le résultat est un embrouillamini au moment où l’on apprend que le déficit budgétaire a atteint le niveau de 61 milliards pour les quatre premiers mois de l’année, alors que le paiement de l’ISF est reporté en septembre sans que personne, ni les pouvoirs publics ni les contribuables, ne sache comment l’impôt sera calculé.
N’aurait-il pas mieux valu, les choses étant ce qu’elles sont, de ne pas toucher à l’ISF jusqu’aux élections ? On laissera au gouvernement le soin de méditer sur une très mauvaise idée dont il finira pas faire les frais. Cette volonté de réformer tout et n’importe quoi, qui passait jadis pour une forme impressionnante de détermination, devient excessive et même négative. Bien entendu, la gauche, prompte à se scandaliser des faits et gestes du pouvoir, en critique agressivement l’inspiration (« On fait payer par les pauvres les impôts dont les riches sont exonérés »). Les divers débats sur l’identité nationale et la laïcité relevaient, il est vrai, d’un état d’esprit qui se veut concurrent de celui du Front national, lequel, soudain débordé par la droite de l’UMP, fore le sol qui n’a jamais été le sien et s’en va dénoncer l’antisémitisme ou faire de l’entrisme dans les syndicats de travailleurs. Du coup, on en perd son sens de la discrimination ; on ne sait plus distinguer entre les idées du Front et celles d’une partie de l’UMP ou du gouvernement et on comprend les raisons de cette confusion : elle encouragera les électeurs du FN, si Marine Le Pen ne franchit pas le cap du premier tour, à se rabattre sur son succédané, c’est-à-dire M. Sarkozy.
DES PROPOSITIONS QUI ONT UNE FORTE ODEUR ÉLECTORALE
C’est peut-être futé du point de vue tactique, mais cela n’améliore pas l’image de la droite. D’ailleurs, l’exercice du « Je suis Marine en beaucoup mieux » a ses limites. Quand le Front a posé la question des Français de l’étranger qui ont une double nationalité et doivent, selon lui, choisir entre leur patrie d’origine et leur patrie d’adoption (encore une idée pour perdre des milliers de talents), le gouvernement a mis le holà.
Mais attendez, ce n’est pas fini. On a tiré à boulets rouges contre Laurent Wauquiez, ministre des Affaires européennes mais aussi membre de la Droite sociale, parce qu’il voulait réformer le RSA (revenu de solidarité active) en contraignant les bénéficiaires de cette prestation à donner des heures de travail. Pauvre Wauquiez, qu’est-ce qu’il a reçu ! Il a mis son projet dans sa poche, jusqu’à ce que ressorte le serpent de mer, encore une réforme du RSA, dont Jean-François Copé, secrétaire général de l’UMP, nous assure que celle-là est la bonne.
Pas besoin de rejoindre le Parti communiste (« Après le RSA, le STO », ou travail obligatoire imposé par les nazis aux citoyens français) pour poser la question à M. Copé : avez-vous du temps à perdre ? Le RSA a été créé pour que les personnes bénéficiaires d’une allocation de subsistance la conservent quand elles trouvent un travail à temps partiel qui ne leur suffit pas pour vivre. C’est un moyen unique pour lutter contre le chômage. Dire à ces personnes qu’on peut artificiellement leur trouver quelques heures de travail par semaine dont personne n’a besoin, c’est leur infliger une sanction. En outre, Martin Hirsch, l’inventeur du RSA, l’une des meilleures réformes de M. Sarkozy, fait valoir que la taxe mise en œuvre pour financer la disposition produit un excédent annuel de près d’un milliard. M. Hirsch craint que cette somme n’aille financer une réforme de l’ISF qui permettra aux foyers riches ou aisés de payer moins. Une mauvaise idée de plus.
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