DANS son premier grand discours de campagne sur la solidarité, prononcé à la Maison de la Chimie à Paris, François Bayrou a levé le voile sur son projet santé expliquant que, sur ce thème, « ni l’équilibre ni l’équité ne sont aujourd’hui garantis ». « Rien ne justifie que notre système de santé, excellent, coûte 12 % du PIB avec des médecins et des professionnels de santé moins bien payés que leurs confrères des pays comparables, une grande insatisfaction des professionnels et, assez souvent, des difficultés croissantes pour les patients », accuse le candidat du MoDem.
Les praticiens et les gestionnaires.
François Bayrou appelle de ses vœux une « réflexion en profondeur » sur le système de santé et en premier lieu sur les effets de la loi Bachelot. « La loi HPST [Hôpital, patients, santé et territoires], les nouveaux modes de gestion de l’hôpital, la place faite aux médecins et aux personnels de santé, tout cela a entraîné une profonde démoralisation », analyse le patron du MoDem. Ce découragement, estime François Bayrou, concerne aussi bien les médecins de ville « qui ont souvent le sentiment d’être assaillis d’obligations administratives » que les praticiens hospitaliers qui ont l’impression de « gérer davantage des malades que des lits ». « S’il est un secteur de la vie du pays où le sentiment d’être incompris, de parler des langues différentes entre gestionnaires et praticiens est dominant, c’est bien celui de la médecine et de la santé », résume le candidat centriste. Le remède ? François Bayrou, s’il est élu, se fixera comme ligne de conduite le « recentrage de la vocation de médecin sur la médecine, sur l’acte médical ». « Il y a un mouvement d’empathie à conduire avec le monde médical qui se sent éloigné », ajoute-t-il.
Les limites des bourses.
Quels moyens utiliser pour freiner la désertification médicale ? L’élu du Béarn semble privilégier la méthode forte. La politique d’incitation par les bourses « a montré ses limites », ce qui commande une politique volontariste de « suppression des déserts médicaux ». Un objectif qui ressemble à une proclamation, faute de précision. Seule proposition : augmenter le numerus clausus« par la négociation, contractuellement » en fléchant des postes vers des « affectations temporaires (quelques années) » prioritaires.
S’agissant des restructurations hospitalières, le candidat centriste se montre prudent. La carte des services d’urgence et de soins ambulatoires doit « prendre en compte les territoires », explique-t-il. Il se dit « opposé à la fermeture autoritaire des maternités de proximité » et met en cause les décisions imposées au nom de normes de sécurité trop drastiques. « Fermer une maternité parce qu’il lui manque cent accouchements par an, un tous les trois jours, pour correspondre aux normes, c’est absurde ». Dans certains secteurs (urgence cardio-vasculaire, soin ambulatoire, maternité), François Bayrou semble faire le choix de la proximité.
Obscène.
Pour désengorger les urgences hospitalières (15 millions de passages par an), il préconise « chaque fois que nécessaire » l’installation à proximité des hôpitaux de maisons médicales d’urgence chargées d’opérer un filtre et de traiter le premier recours, une idée chère à MG France. Selon le candidat centriste, cette mesure pourrait procurer une économie de « près de deux milliards d’euros ».
En matière de formation initiale, François Bayrou se fait l’avocat de l’ouverture des études médicales à d’« autres parcours que simplement scientifiques », un processus déjà bien engagé.
S’agissant des comptes sociaux, le candidat centriste ne transige pas : les « régimes de Sécurité sociale doivent être équilibrés » car « rien n’est plus obscène que de mettre le remboursement de nos ordonnances sur le compte de nos enfants ». Pour les plus fragiles, il reprend (sans le détailler) l’idée d’un « bouclier santé » qui serait financé en « gérant autrement l’argent consacré à l’aide complémentaire santé ». Enfin, il suggère de s’inspirer du régime d’assurance-complémentaire d’Alsace Moselle, un système « entièrement équilibré » qui offre aux cotisants...des « résultats exceptionnels ».
Troubles du neurodéveloppement : les outils diagnostiques à intégrer en pratique
Santé mentale des jeunes : du mieux pour le repérage mais de nouveaux facteurs de risque
Autisme : la musique serait neuroprotectrice chez les prématurés
Apnée du sommeil de l’enfant : faut-il réélargir les indications de l’adénotonsillectomie ?