BIEN AVANT d’être voté, l’accord avait manifestement soulagé Jacques Chirac, même s’il lui coûte cher. L’ancien président de la République doit néanmoins répondre des emplois fictifs (qui, en 2004, avaient valu à Alain Juppé une condamnation à un an d’inéligibilité) devant un tribunal. Cependant, le procureur, en l’occurrence, devrait demander un non-lieu facilité par l’accord conclu entre l’UMP et Bertrand Delanoë.
La procédure est, sinon scandaleuse, comme veulent le faire croire les Verts et l’extrême gauche, très étrange. Elle est, de toute évidence, inspirée par la nécessité d’éviter à Jacques Chirac, à la fin de sa vie et de sa prestigieuse carrière, un procès qui empoisonnerait sa retraite. On peut toujours camper sur le terrain des principes, on ne doit pas ignorer l’environnement politique d’une affaire. M. Juppé n’avait pas été épargné et a dû entendre une juge prononcer des mots particulièrement sévères contre lui, alors que, quand il est arrivé à la Mairie de Paris, il avait aperçu les dysfonctionnements et commencé à y remédier. Personne ne croit une minute qu’il soit corrompu ou qu’il ait mérité l’algarade de la juge qui l’a condamné. Et Jacques Chirac ? Il a fait de la Mairie un tremplin qui lui a permis d’accéder à la présidence en 1995 ; il s’y est conduit en maître absolu et a cru certainement à son impunité ; les emplois fictifs ne sont d’ailleurs que la partie émergée de l’iceberg : l’affaire dite des « frais de bouche » s’est soldée par un retrait de la justice, mais plusieurs collaborateurs directs de M. Chirac ont été condamnés pour d’autres délits. Comment croire qu’il n’était pas au courant ?
La mansuétude de Delanoë.
On ne sait pas exactement ce qui anime M. Delanoë, sinon son aversion pour toute conduite fondée sur la haine de l’autre. Peut-être est-il las de la fameuse « guerre civile » entre la droite et la gauche, ce qui pourrait expliquer qu’il ne s’est pas déclaré candidat à l’investiture du Parti socialiste pour briguer la présidence de la République. Bombardé par les critiques des Verts, il n’a pas cédé. Il a affirmé que l’important, à ses yeux, était que les contribuables parisiens ne fussent pas lésés. Il n’a eu aucun mal à trouver une majorité au Conseil municipal. En tout cas, il est le premier et le seul, à gauche, à ne pas traiter la droite comme un monstre.
LES FRANCAIS NE SOUHAITENT PAS QUE CHIRAC SOIT JUGÉ
Entre-temps, Jacques Chirac est devenu l’un des hommes les plus populaires de France. Si on demandait aux Français de se prononcer sur l’accord UMP-Mairie, ils l’approuveraient sans doute. Nos concitoyens ne sont pas scandalisés, en définitive, de ce que le prédécesseur de M. Delanoë se soit conduit en monarque absolu ; qu’il ait laissé plusieurs de ses collaborateurs se débattre avec la justice, ou même sombrer, sans qu’il fût atteint par les éclaboussures d’un scandale dont il connaissait nécessairements les tenants et aboutissants ; qu’aujourd’hui encore il occupe un luxueux appartement à Paris qui ne lui appartient pas et dont il ne paie pas le loyer. En dépit des jugements sévères que Nicolas Sarkozy lui adresse de temps à autre (et fort maladroitement : il a plus que jamais besoin des chiraquiens), M. Chirac n’a été ni un roi fainéant ni un mauvais chef d’État. Il doit plus certains ses déboires, comme la très malencontreuse dissolution de 1997, à Dominique de Villepin qu’à lui-même, sauf à admettre qu’il était maître de la décision de dernier recours et qu’il fut mal inspiré de nommer le même Villepin à Matignon. Sans prôner la loi du talion, on aimerait, contrairement à ce peuple qui chérit le Chirac débonnaire, qu’un citoyen, fût-il homme d’État, ne soit pas au-dessus de la justice. En même temps, l’indulgence dont bénéficie aujourd’hui l’ancien président indique les limites du combat politique : il est licite d’envoyer un élu dans les cordes parce qu’il a failli, il n’est peut-être pas sain de s’acharner contre lui et de le pourchasser jusqu’au dernier jour.
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