Les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) peuvent désormais donner leur sang après une période de 4 mois sans relation sexuelle entre hommes, contre 12 mois jusque-là, annonce Santé publique France. Cette décision avait été annoncée en juillet par le directeur général de la santé, le Pr Jérôme Salomon, et prend effet ce 2 avril.
Cette mesure s'appuie notamment sur des études menées par Santé publique et relayées dans le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » du 2 avril consacré à l'ouverture du don de sang aux HSH.
Ouverture sous condition du don aux HSH en 2016
En pleine crise du sida, une exclusion permanente des HSH du don de sang avait été instaurée, avant d'être formalisée par un arrêté de 2009 définissant les critères de sélection des donneurs. L'objectif : réduire le risque transfusionnel, tout en prenant en compte le délai post-infection appelé « fenêtre silencieuse » pendant lequel les marqueurs de cette infection ne sont pas détectables. « Le bilan de l’ouverture du don de sang aux HSH le 10 juillet 2016 est très encourageant, puisqu’aucune majoration du risque résiduel de transmission transfusionnelle du VIH n’a été observée après cette date », indiquent le Pr Benoît Vallet, directeur général de la santé (DGS) de 2013 à 2018, et le Pr Salomon dans l'éditorial du « BEH ».
L'arrêté du 5 avril 2016, entré en vigueur en juillet, a mis fin à l'exclusion définitive des HSH, leur permettant de faire un don de sang total, sous condition qu'ils n'aient pas eu de rapports sexuels entre hommes dans les 12 derniers mois. Il leur est également possible de faire un don de plasma sécurisé par quarantaine selon des critères identiques aux autres donneurs, c'est-à-dire ne pas avoir eu plus d’un partenaire sexuel dans les quatre derniers mois.
Pas de hausse du risque transfusionnel après 2016
L'enquête Complidon, réalisée en 2017* et portant sur le non-respect des critères de sélection, a montré que 0,73 % des hommes avaient eu des rapports sexuels avec d'autres hommes au cours des 12 derniers mois. Parmi eux, plus de la moitié (57,6 %) considérait qu'il ne devrait pas y avoir de distinction entre les donneurs selon leur orientation sexuelle. Ils étaient 21,8 % à déclarer avoir le même partenaire depuis au moins 1 an.
Une autre étude du « BEH » a permis de dresser un bilan de la surveillance épidémiologique du VIH, du VHB, du VHC et de la syphilis chez les donneurs de sang : l'arrêté de 2016 n'a pas entraîné une hausse du risque transfusionnel. Concernant le VIH en particulier, le taux de dons positifs était de 0,10 pour 10 000 dons sur la période du 1er janvier 2014 au 9 juillet 2016 et de 0,08 pour 10 000 sur la période du 10 juillet 2016 au 31 décembre 2018. Le taux de dons positifs a également diminué pour le VHB et le VHC et est resté stable pour la syphilis entre ces deux périodes.
Deux scénarios testés
À l'issue de ces résultats encourageants, Agnès Buzyn, alors ministre de la Santé, a souhaité élargir le don de sang aux HSH. Deux scénarios ont été proposés : un ajournement des hommes ayant eu des rapports sexuels avec des hommes au cours des 4 mois précédant le don ou un ajournement des HSH ayant eu plus d’un partenaire sexuel au cours des 4 mois précédant le don (comme pour les autres donneurs). C'est le premier scénario qui a été retenu.
Une évaluation du risque de transmission du VIH en fonction des scénarios a été menée et est également présentée dans le « BEH ». Si le risque était très faible dans les deux cas, le risque était identique au risque de référence (1 pour 6 300 000 dons, soit un don tous les 2 ans) dans le premier cas, qui entre donc en vigueur.
« Cette réduction de 12 à 4 mois de la durée d’ajournement des HSH, mise en œuvre le 2 avril 2020, sera évaluée très attentivement et en toute transparence pour permettre à l’horizon 2022, d’envisager l’alignement des critères de sélection pour tous les donneurs », indiquent les auteurs.
* Enquête menée en ligne entre septembre et décembre 2017 auprès de 108 836 donneurs. Les données ont été ajustées pour être représentatives des donneurs de sang sur la période allant de juillet 2016 à décembre 2017.
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