Temps de travail, rémunération, recherche : une partie des praticiens hospitaliers (PH) ont entamé ce lundi 26 septembre une grève de jour reconductible, mais aussi une cessation de la permanence des soins, afin d'améliorer leurs conditions de travail et rendre leurs carrières hospitalières plus attractives.
Les organisations grévistes ont revendiqué en fin d'après-midi une mobilisation « massive, exceptionnelle » dans « la majorité des spécialités médicales et dans tous les types d'établissements ».
De source syndicale, 30 à 40 % des PH (selon les spécialités et les établissements) étaient en grève et jusqu'à 60 % des anesthésistes-réanimateurs et des psychiatres. La Coordination nationale infirmière (CNI) a également apporté son soutien au conflit.
[Mise à jour : 27 septembre] Les chiffres communiqués lundi soir par le ministère de la Santé font état d'une mobilisation beaucoup plus modeste. Selon les informations communiquées par les établissements de santé, le taux de participation des praticiens hospitaliers à 19 h était de 3,5%, sensiblement plus élevé dans les CH (4,2 %) que dans les CHU (3,3 %). Le taux de mobilisation (incluant les praticiens assignés) était de 6,7 % selon le ministère (9,7 % dans les CH, 5,8 % dans les CHU).
Le mouvement a été lancé à l'origine par le Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes-réanimateurs élargi (SNPHAR-E) et a reçu le soutien de deux intersyndicales – Avenir Hospitalier et la Confédération des praticiens des hôpitaux (CPH). « L'attractivité est en berne. 25 à 30 % des postes de PH sont vacants. Nous avons besoin d'un sursaut. L'enjeu, c'est l'avenir de l'hôpital », résume le Dr Yves Rébufat, président du SNPHAR-E.
Fuite vers le privé
L'absence de décompte clair du temps de travail (limitation à 48 heures hebdomadaires à l'instar de l'accord urgentistes, découpage de la journée de 24 heures en cinq plages au lieu de quatre, prise en compte du temps additionnel et des astreintes) est au cœur du conflit. « Les praticiens travaillent entre 50 et 60 heures par semaine, on dépasse la norme européenne des 48 heures », poursuit Yves Rébufat.
L'épuisement des praticiens hospitaliers et la fuite vers le privé sont des conséquences de cette désorganisation. « Le travail supplémentaire et la réduction des effectifs conduisent à une détérioration du soin et à l'augmentation des risques psychosociaux », argumente le Dr Rébufat.
Un quatorzième échelon…
Les syndicats réclament également des valences (hors soin) à hauteur de 20 % de leur temps de travail. « La recherche, la formation et l'organisation des équipes sont aussi l'intérêt du travail hospitalier », reprend le Dr Rébufat.
Ils attendent une valorisation de la prime d'exercice territorial (ancienne prime multisite de 392 euros par mois) et une revalorisation de l'indemnité d'engagement de service public exclusif – dont le montant de 487 euros par mois n'a pas bougé depuis 2000. À cela s'ajoute, la revendication d'un 14e échelon statuaire des PH.
Entrevue avec Touraine le 4 octobre
Malgré le mouvement, la continuité des soins devait être assurée par les médecins assignés par les directeurs des établissements. « Un médecin peut refuser cette assignation, fait valoir le Dr Max-André Doppia, président d'Avenir Hospitalier, dans ce cas, une réquisition est organisée par le ministère ».
Le SNPHAR-E, Avenir Hospitalier et la CPH seront reçus par Marisol Touraine le mardi 4 octobre. « Nous souhaitons une reconnaissance et la sécurisation de notre travail », précise le Dr Rébufat. Compte tenu de ce rendez-vous ministériel, le mouvement de grève dont le renouvellement était envisagé pour lundi prochain 3 octobre est « suspendu ». En revanche, le préavis concernant les gardes et astreintes est maintenu à partir de ce lundi soir.
Une seconde grève nationale reste programmée cette fois par les cinq intersyndicales de PH (CPH, CMH, INPH, Avenir hospitalier, SNAM-HP) le 12 octobre.
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