LE POUVOIR a précédé les vux de la majorité : il semble bien que la réforme du système pénal, chère à Michèle Alliot-Marie, mais qui soulève de sérieuses questions sur l’indépendance de la justice, sera mise en sourdine ; le bouclier fiscal fait l’objet au sein de la droite d’un débat qui n’a pas été interrompu par l’Élysée ; la taxe carbone, comme chacun sait, est renvoyée à des jours meilleurs ; après avoir annoncé une interdiction totale de la burqa, le gouvernement ne s’est pas insurgé contre l’avis du Conseil d’État, qui affirme qu’une telle loi risque d’être inconstitutionnelle et inapplicable ; même le sacro-saint principe du non remplacement d’un fonctionnaire sur deux vient d’être ébréché par la suggestion que, pour lutter contre le chômage, l’État pourrait embaucher. Cette année, le gouvernement travaillera sur un seul dossier, mais le plus épineux, la réforme des retraites.
Trio de choc.
Mais cette fois, les élus de droite semblent vouloir s’assurer que les réformes seront conduites d’une manière assez prudente pour qu’elles ne leur coûtent pas leur siège aux législatives de 2012. On ne se contente plus de débattre, on réclame des corrections aux réformes assez importantes pour qu’elles en dénaturent l’objectif. La charge est conduite par au moins trois hommes qui n’ont cessé depuis trois ans, de manifester leur indépendance d’esprit : Jean-François Copé, chef de la majorité à l’Assemblée, qui refuse de faire de la majorité une chambre d’enregistrement des décisions du pouvoir ; Alain Juppé, qui admet une réforme du bouclier fiscal et a souvent critiqué la précipitaion du président ; Jean-Pierre Raffarin, sénateur, qui a empêché la suppression de la taxe professionnelle de se transformer en désastre financier pour les collectivités locales.
DES CORRECTIONS SONT NÉCESSAIRES, L’ABANDON DE LA RÉFORME SERAIT ABSURDE
La convergence de leurs opinions, jamais antisarkozystes, mais très nuancées sur l’action gouvernementale, crée au sein de l’UMP une sorte d’opposition aimable dont la crédibilité croissante indique d’ailleurs le désarroi profond, sinon avoué, de M. Sarkozy : s’il ne condamne pas le discours qu’ils tiennent, c’est qu’il ne peut se fâcher davantage avec sa propre majorité. Le prix qu’il paie est pourtant énorme puisque, en gros, il accepte ce que M. Copé appelle « le retour aux fondamentaux », qui n’est rien d’autre que la remise en cause de quelques réformes présentées naguère comme historiques. On n’oubliera pas la contribution de Dominique de Villepin à ce travail de sape, mais l’ancien Premier ministre se situe sur une autre planète, celle du règlement de comptes avec M. Sarkozy. Cependant, les quatre hommes ont un point en commun : leur attachement à Jacques Chirac. Cela signifie-t-il que Nicolas Sarkozy, après avoir tellement secoué le Landerneau, va se rallier à la politique de celui qu’il appelait, il y a encore quelques mois, le « roi fainéant ? ». Toute l’UMP n’est pas chiraquienne, loin de là. Déjà, des contre-chants s’élèvent, ici pour réaffirmer le bien-fondé du bouclier fiscal, là pour rappeler que la taxe carbone n’est que différée, là encore pour exiger l’interdiction totale de la burqa, sous le prétexte que le Conseil d’État n’a qu’un rôle consultatif.
Que faut-il en penser ? Qu’une fois encore, l’Élysée aborde le problème sur un plan strictement politique. M. Sarkozy qui, mercredi soir, a reçu les députés de la majorité pour se rabibocher avec eux, fait des concessions pour renforcer la droite et en garder la maîtrise dans la perspective de 2012. Alors que le problème résulte d’un réformisme excessif et hâtif. En d’autres termes, il serait bon de réformer la réforme, mais l’abandonner serait absurde.
Il est probable que M. Sarkozy sacrifiera le bouclier fiscal parce que tout ce qui évoque des avantages aux gens les plus fortunés soulève l’aversion du peuple, même si les 400 millions qui seront ainsi récupérés par le fisc ne sont que roupie de sansonnet. Il aura plus de mal s’il ne produit qu’une loi bénigne sur la burqa : on n’a pas besoin d’appartenir à l’extrême droite pour exiger l’abolition de ce tombeau mobile de la femme. Il ne pourra faire autrement que d’augmenter les impôts parce que les Français, et le pacte européen de stabilité, exigent qu’il réduise les déficits et la dette. Son engagement contre toute hausse de la pression fiscale serait suicidaire. Tout le monde sait qu’il faut augmenter la CSG pour réduire les déficits sociaux. Tout le monde sait que la réforme des retraites doit être profonde et durable et qu’elle implique des sacrifices pour les salariés. Mais ceux-ci n’accepteront de se serrer la ceinture que si tous les citoyens, y compris ceux de la classe supérieure, sont logés à la même enseigne.
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