L’HYPERSENSIBILITÉ électromagnétique était l’un des thèmes principaux du « Grenelle des ondes », débat initié par les pouvoirs publics en 2009 sur les effets sanitaires des ondes radiofréquences et de la téléphonie mobile. L’une de ses recommandations, qui visait à élaborer « un protocole d’accord et de prise en charge des patients hypersensibles aux ondes électromagnétiques », se concrétise aujourd’hui. Il s’agit d’une étude indépendante, d’une durée de quarante quatre mois, dans le cadre d’un programme hospitalier de recherche clinique (PHRC) dont l’Assistance publique - Hôpitaux de Paris se porte promoteur. Pilotée par le service de pathologie professionnelle du groupe Cochin-Broca-Hôtel-Dieu, en collaboration avec l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (INERIS) et l’Agence de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement du travail (ANSES), cette étude nationale multicentrique doit étudier « la sensibilité des patients vis-à-vis de leur exposition aux champs électromagnétiques (CEM) ainsi que leur état de santé et leur qualité de vie ».
Environ 100 personnes.
Selon le Pr Dominique Choudat (Cochin), elle devrait englober une centaine de personnes. « Cette étude nous permettra d’ailleurs de mieux connaître le nombre de personnes concernées », indique-t-il au « Quotidien ». L’électrohypersensibilité toucherait 1,5 à 2 % de la population française, surtout féminine. Pour faire partie de l’étude, les patients devront prendre rendez-vous dans un des 24 centres de consultation de pathologie professionnelle et environnementale (liste sur www.radiofrequences.gouv.fr). Grâce à un protocole harmonisé au niveau national, les responsables des centres investigateurs pourront recueillir les symptômes, caractériser et mesurer les expositions aux CEM pendant une semaine. Les patients seront munis d’un boîtier. Parallèlement, le retentissement des souffrances, notamment au niveau psychologique et social sera évalué. Un suivi des symptômes est prévu pendant un an, avec une prise en charge globale.
« Depuis des années, nous sommes confrontés au syndrome d’intolérance aux odeurs, souvent suite à une exposition professionnelle, comme avec les peintures. Les symptômes sont des céphalées, des nausées, des vertiges, de la tachycardie, des sensations de blocage respiratoire pouvant s’apparenter à de l’asthme. Ces troubles s’élargissent ensuite à de très nombreuses expositions, voire à des odeurs que les patients sont seuls à percevoir. Il s’agit d’une sorte de réflexes conditionnés », explique le Pr Choudat qui retrouve les mêmes caractéristiques chez ceux souffrant d’électrohypersensibilité. En 2009, le rapport de l’AFSSET (ex-ANSES) sur les radiofréquences indiquait que la réalité du vécu des personnes « qui attribuent leurs problèmes de santé à une exposition à des ondes de radiofréquences » était incontestée. Toutefois, aucune preuve de causalité n’a été apportée jusqu’à présent. L’AFSSET notait qu’un faisceau d’indices concordants suggérait « fortement que des facteurs neuro-psychiques individuels interviendraient, au moins en partie, dans la genèse de l’électrohypersensibilité ».
Pour le Pr Choudat, ces troubles doivent être pris en considération et être traités dans le cadre d’une prise en charge globale, symptomatique. « Il ne faut pas multiplier les examens. On essaye d’orienter nos patients vers des thérapies cognitives comportementales mais il n’y a souvent aucune demande de leur part. Nous devons alors les écouter et réfléchir sur les circonstances de leurs troubles. On ne pourra certainement pas aider tout le monde ». L’effet médiatique n’est pas non plus à négliger : « plus on parle de ce syndrome, plus on a des patients qui relient leurs troubles à ce phénomène » d’électrohypersensibilité. Par ailleurs, l’évitement des sources de ces troubles reste illusoire : « aller ailleurs ne règle rien », conclut le médecin.
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