LE QUOTIDIEN : Comment pousser les établissements sur la voie de l'éco-responsabilité ?
OLIVIER TOMA : Créons en premier lieu un ministère de la Santé environnementale, fusion des deux portefeuilles existants. Sa priorité sera de concevoir un indicateur sur les molécules qui tienne compte du coût, de l’efficacité mais aussi de l’impact sur la planète et la santé.
Deuxième mission : faire comprendre qu’agir sur le climat, c’est agir sur la santé publique et ses dépenses. Cessons de parler uniquement érosion, biodiversité et acidité des océans. Je rappelle que l’augmentation de la température de la planète crée des maladies émergentes type Zika et Chikungunya. On trouve à Béziers des moustiques tigres !
Enfin, inspirons-nous du modèle américain. Outre-Atlantique, on traduit les émissions de gaz à effet de serre en maladie. Nous avons préféré l’équivalent CO2 par kilowatt heure. Selon vous, qu’est-ce qui est le plus parlant ?
Quels sont les freins au développement durable ?
À gauche ou à droite, l’inertie du ministère de la Santé bloque les initiatives vertes ! Nous alertons les autorités depuis dix ans sur l’omniprésence des perturbateurs endocriniens dans le monde hospitalier. Prenons par exemple les phtalates. Tubulures, cathéters ombilicaux, plastiques divers… Ils sont au bloc, au lit du malade, partout ! Et rien ne bouge. L’étiquetage n’est même pas obligatoire.
Des mesures importantes sur la qualité de l’air intérieur devaient trouver leur place dans la loi Touraine. Il n’en est rien. Ségur fonctionne selon une politique à court terme dont l’enjeu est de faire des économies à tous les étages. Mettre en place une stratégie de développement durable dans les établissements ne réduira pas le déficit de la Sécurité sociale à la fin de l’année, mais dans 20, 30 ou 50 ans. C’est sans intérêt pour les gens qui nous gouvernent.
Il n’existe pas de plan d’action sur le développement durable à l’hôpital. Sur le terrain, comment relever le défi ?
Les établissements font avec les bonnes volontés et les moyens du bord mais la trésorerie manque. Hôpitaux et cliniques doivent réaliser leur audit énergétique avant le 30 juin. Comment ? Avec quel argent ?
Certains établissements ne sont même pas au courant de leurs obligations réglementaires décidées lors du Grenelle de l'environnement ou de la COP21. C’est dire qu’une campagne d’affichage ne suffira pas. Le développement de l'écoconception des soins n'aura pas lieu sans mesures incitatives.
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