Combattre l’âgisme, c’est-à-dire les stéréotypes, les préjugés et les discriminations liés à l’âge, que ce soit à la jeunesse ou à la vieillesse, est plus que jamais nécessaire pour surmonter la crise du Covid-19. C’est l’appel lancé par Tedros Adhanom Ghebreyesus, le patron de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Michelle Bachelet, la plus haute responsable de l’ONU pour les droits de l’Homme, Liu Zhenmin, en charge des affaires économiques et sociales de l’ONU, et Natalia Kamen, directrice exécutive du Fonds des Nations unies pour la population.
Leur lettre commune figure en amont d’un rapport de plus de 200 pages sur l’âgisme, qui met en lumière ce phénomène et livre des clefs pour le combattre. « On parle d’âgisme lorsque l’âge est utilisé pour catégoriser et diviser les personnes de telle façon qu’elles subissent des préjudices et des injustices et qu’elles sont désavantagées. Ce phénomène réduit la solidarité entre les générations », note le rapport, en soulignant à quel point le problème infuse toutes les sociétés dans tous les domaines (soins, médias, système juridique, monde du travail, etc.).
L’âgisme se conjugue souvent avec d’autres discriminations liées au genre, au handicap ou à l’origine, et pèse sur la santé physique et morale des individus. Ainsi que sur la santé économique de nos sociétés : selon les auteurs du rapport, l’âgisme coûterait des dizaines de milliards de dollars chaque année, par exemple en faisant partir les gens trop tôt à la retraite sur un critère d’âge rigide et en se privant de leur savoir-faire.
Toutes les générations concernées
L’âgisme touche… tous les âges. « Un adolescent peut, par exemple, subir des moqueries pour avoir lancé un mouvement politique, des personnes plus âgées ou plus jeunes peuvent se voir refuser un emploi en raison de leur âge ou une personne plus âgée peut être accusée de sorcellerie et chassée de sa maison et de son village », explicite le rapport.
Une personne sur deux aurait une attitude « âgiste » à l’encontre des personnes âgées. Parmi les facteurs accentuant ce risque, les auteurs citent le fait d’être plus jeune, de sexe masculin, d’éprouver de l’anxiété face à la mort et d’être moins éduqué. Par ailleurs, les données européennes révèlent qu’une personne sur trois déclare avoir été la cible de l’âgisme. Les jeunes affirment être davantage victimes de discrimination liée à l’âge que les autres groupes d’âge.
La crise liée au Covid-19 n’a pas manqué d’accentuer le phénomène. « Les vieilles personnes ont été perçues de manière uniforme, comme fragiles et vulnérables ; les plus jeunes, comme invincibles, imprudents et irresponsables », lit-on. En France, de nombreuses voix se sont élevées depuis le début de la crise pour dénoncer le regard porté sur les plus âgés, qui se traduit par les impasses du modèle des Ehpad.
Trois stratégies pour combattre l’âgisme
« Il nous faudra combattre l’âgisme pendant et après la crise si nous voulons garantir la santé, le bien-être et la dignité des gens partout dans le monde », appellent les responsables internationaux.
Le rapport distingue trois stratégies pour lutter contre l’âgisme : l’adoption de politiques et de lois pour lutter contre les inégalités et discriminations, la mise en œuvre d’interventions éducatives et le développement des contacts intergénérationnels.
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