Une enquête française menée par le Groupe d’étude sur le risque d’exposition des soignants aux agents infectieux (Geres) (1) pointe les problèmes liés à l’insuffisance du port de masques de protection adaptés aux risques de contaminations professionnelles au cours de la première vague de l’épidémie de Covid-19. Les résultats de cette étude ont fait l'objet d'une publication accélérée dans le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » (2).
Selon les données de Santé publique France, 44 281 soignants des établissements de santé ont été infectés entre le 1er mars et le 2 novembre, et 48 496 cas ont été signalés entre le 1er mars et le 8 novembre au sein des établissements sociaux et médico-sociaux (ESMS).
Pour mieux comprendre les circonstances de contamination, une enquête nationale a été lancée le 17 avril auprès des professionnels de santé ayant eu un Covid confirmé. Au 15 août, 2 329 professionnels de santé tous secteurs confondus et âgés de 43 ans en médiane ont ainsi répondu à un questionnaire en ligne. Pour plus de 96 % d'entre eux, les premiers symptômes sont survenus entre le 13 mars et le 26 avril 2020, avec un pic au cours de la semaine du 16 mars. Sur l'ensemble des participants, 4,4 % ont été hospitalisés, dont neuf ont été admis en réanimation.
Les plus nombreux à répondre étaient les infirmiers (31,6 % des participants), suivis des médecins (22,8 %) et des aides-soignants (14,5 %). La majorité des participants (1 602, 69 %) exerçaient exclusivement en établissement de santé.
Recours insuffisant aux FFP2
Du côté des établissements de santé, le recours aux masques FFP2 pour réaliser des tâches à risque variait de 56 à 87,2 % suivant les actes en secteur Covid, et de 0 à 51,4 % hors secteur Covid. Par exemple, en secteur Covid, 83,4 % des soignants ont porté un masque FFP2 en cas de prélèvement nasopharyngé contre 51,4 % en secteur non Covid. Le prélèvement nasopharyngé a pourtant rapidement été identifié comme nécessitant un FFP2.
« Les raisons invoquées pour l’absence de port de masque ou le port d’un masque chirurgical au lieu d’un masque type FFP2 étaient avant tout liées soit à la pénurie de ce type de matériel conduisant à l’utilisation de masque chirurgical, soit aux protocoles appliqués localement conduisant à réserver les masques FFP2 à la prise en charge des patients ayant eu une PCR Covid-19 positive et à certaines situations », précisent les auteurs.
Concernant les 727 professionnels des établissements médico-sociaux et de ville, le masque FPP2 n'était utilisé que dans 33,9 % des cas en cas de prélèvement nasopharyngé, et dans 19,4 % des cas, aucun masque n'était porté. Ils sont 37,5 % à évoquer l'indisponibilité du matériel pour justifier du non-port du masque ou d'un port occasionnel lors d'un entretien en face-à-face avec un patient, et 34,1 % l'absence de recommandations.
« Le contexte de contamination des soignants semble avoir été à cette période essentiellement professionnel : soit transmission patient-soignant, soit entre soignants avant que ne soit préconisé le port en continu du masque chirurgical par les soignants notamment en salle de réunion ou de repos », constatent les auteurs.
L'enquête se poursuit avec la deuxième vague. Les constats devraient être différents du fait de la plus grande disponibilité des masques et d'une stratégie de dépistage systématique.
(1) Avec le soutien de Santé publique France, de l’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS) et de la Haute Autorité de santé (HAS).
(2) C. Olivier et al., BEH, 8 décembre 2020
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