Malgré les mesures de restriction mises en place et les renforts envoyés depuis la métropole, la situation sanitaire reste « très critique » dans les Antilles françaises, avec une augmentation des décès dus au Covid-19 et une saturation des hôpitaux.
En Martinique, où un confinement strict est en application depuis le 10 août, l’épidémie connaît une « relative stabilisation », mais reste à un « niveau très élevé », expliquait, le 21 août à l’AFP, le directeur de l’Agence régionale de Santé (ARS), le Dr Jérôme Viguier, jugeant la situation « extrêmement tendue ». Touchée par le variant Delta, l’île a un taux d’incidence « autour de 1 200 pour 100 000 habitants », détaille-t-il.
« On va encore avoir besoin de renfort »
Alors que 120 patients ont été hospitalisés sur l’île sur la seule journée de dimanche, « on s'installe en plateau », observe le Dr Jérôme Viguier, inquiet du niveau « vraiment très élevé » de cas : « ça veut dire qu'on va avoir de façon continue un flux massif de personnes dans les structures hospitalières, et qui vont saturer la médecine de ville », redoute-t-il. La Martinique dispose de « plus d'une centaine de lits de soins critiques » et « presque 500 lits de médecine (...) et c'est encore à peine suffisant ».
« On va encore avoir besoin de renfort », prévient-il, alors que l’île a déjà reçu l’appui de plus de 300 soignants venus de métropole. « Chaque jour, le CHU pousse les murs de façon à créer de nouveaux services, à pouvoir accueillir plus de patients, mais ça trouve à un moment ses limites, ce qui fait que la situation reste extrêmement préoccupante », alerte le responsable de l’ARS, d’autant que moins de 20 % de la population de 12 ans ou plus avait reçu un schéma vaccinal complet au 17 août.
Les profils des patients pris en charge ont par ailleurs changé. « On voit arriver des formes de Covid chez l'enfant qu'on n'avait pas jusqu'à maintenant », témoigne-t-il. « La circulation du virus est tellement importante qu'on constate 10 enfants hospitalisés en service de pédiatrie, dont un en soins intensifs. C'est quelque chose que l'on n'avait pas du tout vu pendant les vagues précédentes », poursuit le directeur de l’ARS.
En Guadeloupe, le taux d’incidence atteignait 1 912 cas pour 100 000 habitants le 18 août, mais seulement 20,9 % des Guadeloupéens ont un parcours vaccinal complet. Alors que la situation se dégrade à l’hôpital, le directeur général du CHU, Gérard Cotellon, indiquait dans une note interne que « toutes les activités programmées sont mises à l'arrêt », « seules les chirurgies non reportables peuvent se poursuivre ». L’ensemble des personnels du CHU sont ainsi appelés à « regagner leur poste sans délai », alors que la « situation épidémique et ses impacts sur le tissu hospitalier ne cessent de se dégrader », poursuit-il.
Inquiétude sur les maternités
Dans un entretien accordé le 20 août à l’AFP, le Dr Marc Valette, chef du service réanimation du CHU de l’île, évoque la nécessaire « priorisation » des patients atteints de Covid pour faire face à la flambée épidémique. « On étudie la situation à laquelle nous sommes confrontés et tentons de prendre les moins mauvaises décisions, qui restent inhumaines, puisqu'elles nous conduisent à prioriser les patients qui ont le plus de chance de s'en sortir », témoigne-t-il, observant un rajeunissement des patients admis à l’hôpital.
Le chef de service mentionne également « un signal très fort en provenance de la maternité ». « Nous avons eu à prendre en charge en 24 heures trois femmes enceintes, pour lesquelles il a fallu extraire rapidement le ou les bébés, avant de les plonger en coma artificiel sous assistance respiratoire pour la réanimation, indique-t-il. Ça nous était arrivé de manière exceptionnelle lors des vagues précédentes. Mais là, nous sommes inquiets car en Martinique comme en Guadeloupe, cette situation se répète ».
Pour soulager les hôpitaux des deux îles, de nouvelles évacuations sanitaires vers la métropole sont en cours d'organisation. Selon la directrice générale de l'Agence régionale de santé en Guadeloupe, la Dr Valérie Denux, ce dispositif, qui va « se renforcer » dans les semaines à venir, est « plus que nécessaire pour soulager les services du CHU ». « Nous avons ouvert 86 lits de réanimation sur tout le territoire et 82 sont occupés. Or, nous avons 5 à 7 entrées par jour », rappelle-t-elle.
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