La Guyane compte 18 centres délocalisés de soins et de prévention gérés par l’hôpital de Cayenne. Cela va du centre de santé assurant une présence médicale continue à des postes de santé occupés par du personnel paramédical.
Avec trois médecins, deux sages-femmes et une quinzaine d’infirmiers, celui de Maripasoula est le plus important centre délocalisé de Guyane. Relié à Cayenne par l’avion et à deux jours de pirogue de St-Laurent-du-Maroni, le bourg est particulièrement isolé.
Entre 60 et 100 patients se présentent chaque jour au centre de santé, avec des situations médicales très différentes. Les urgences sont quotidiennes. « On a tous les jours, deux ou trois urgences. Et, toutes les semaines, une ou deux très grosses urgences », estime une infirmière, en passant devant la salle de déchocage.
Derrière les bâtiments du centre de santé, un cercle de bitume entouré d’herbes symbolise l’isolement de Maripasoula. « C’est ce qui nous relie au reste, à Cayenne », décrit la soignante. Sur cette zone d’atterrisage vient régulièrement se poser l’hélicoptère du SAMU 973 de Guyane pour évasaner des patients vers le centre hospitalier de Cayenne. Mais ce lien est ténu, car les évacuations héliportées sont soumises aux conditions météorologiques et il n’y en a quasiment jamais la nuit. « Les médecins gardent toujours en tête la possibilité qu’aura ou que n’aura pas l’hélicoptère de venir. Ce qui peut entraîner des gestions différentes, selon que le patient arrive en début de nuit ou en matinée », analyse l’infirmière.
Certaines des urgences que le centre a à gérer sont des accouchements. Alors qu’aucun enfant ne devrait officiellement naître à Maripasoula qui ne compte pas de bloc opératoire et aucune poche de transfusion sanguine, les sages-femmes y pratiquent plusieurs accouchements par mois. Les femmes enceintes sont censées regagner Cayenne entre leur 37 et 38e semaine d’aménorrhée, mais cela implique de laisser leur famille, leurs autres enfants pendant plusieurs semaines pour se retrouver seules à l’hôpital de Cayenne. Certaines préfèrent rester chez elles et accoucher à Maripasoula.
Conçu pour une population officielle de 6 000 habitants, le centre est amené à soigner une population bien plus nombreuse, en raison des nombreux migrants, principalement Brésiliens, travaillant dans les sites d’orpaillage illégaux disséminés dans la forêt environnante.
« Avec la croissance démographique, on va être rapidement dépassé. À moyen terme, il faudrait un petit hôpital à Maripasoula, avec de la radiologie. On envisage aussi de faire de la biologie délocalisée, cela devrait être mis en place l’an prochain », explique Muriel Ville, la médecin coordinateur des Centres délocalisés, en poste à Cayenne. Actuellement, les prélèvements sont envoyés chaque jour à l’analyse à Cayenne par les petits avions d’AirGuyane qui font la liaison quotidienne.
Internet permet également d’envoyer des photographies aux dermatologues pour avis ou des électrocardiogrammes aux cardiologues. Car le site isolé est synonyme d’absence de spécialiste. Une situation à laquelle des visites mensuelles essaient de palier, fonctionnant plus ou moins bien selon les spécialités.
Mais finalement, « la gestion des stocks est peut-être ce qu’il y a de plus compliqué. En quantité, ce sont les besoins d’une petite clinique. Mais surtout, la gamme de produits dont nous avons besoin est très diverse, des urgences aux soins quotidiens », décrit l’infirmière. Une fois par mois, une pirogue ravitaille le centre depuis St-Laurent-du-Maroni.
En poste depuis dix mois à Maripasoula, elle a cerné ce qui, malgré les difficultés, plaît aux soignants : « C’est la polyvalence des soins, on est à l’opposé de l’hyperspécialisation de la médecine traditionnelle française ».
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