LA FAçON dont la France et l’Allemagne ont réagi à la crise grecque est plus que préoccupante. L’opinion allemande n’est pas tendre pour le comportement de la Grèce, qui demandait en quelque sorte à ses partenaires de lui éviter une faillite à laquelle la conduisaient inévitablement les trucages antérieurs auxquels elle s’était livrée pour accéder à la monnaie unique. Sommée par les Allemands de rester sourde aux objurgations grecques, Angela Merkel a ignoré le danger d’une Europe qui aurait été incapable d’aider un pays membre dont le PIB (produit intérieur brut) ne représente que 4 % du produit total de la zone euro. Le gouvernement allmand en est resté aux comptes trafiqués par les Grecs, n’a pas tenu compte des efforts considérables fournis par le gouvernement de M. Papandréou et, jusquà la dernière minute, a exigé que l’aide européenne soit assortie d’une aide du Fonds monétaire international (FMI).
Une grave échec politique.
La solution ainsi trouvée a été présentée comme un compromis. Mais le rôle du FMI consiste à aider les pays en développement, pas à voler au secours de nations faisant partie d’un ensemble puissant qui dispose des réserves. Jean-Claude Trichet, président de la Banque centrale européenne, avait rejeté toute intervention du FMI dans le dossier grec. Il ne peut, aujourd’hui, qu’être mortifié. C’est presque à dessein que Mme Merkel a fragilisé l’Union en s’appuyant sur les règlements qui interdisent aux membes de l’UE de secourir les pays membres menacés par une crise économique ou financière. Sans lui jeter la pierre, sans avaliser la remarque de Christine Lagarde, ministre française de l’Économie, qui souhaite que les Allemands changent de modèle en développant le marché intérieur au détriment des exportations, sans reprocher à M. Sarkozy de n’avoir eu cette fois qu’une très faible influence sur la chancelière allemande, on est consterné par le traitement du dossier grec. Il contient un échec politique d’une gravité extrême : l’Europe donne l’impression d’avoir besoin d’un organisme mondial pour régler ses problèmes, alors qu’elle a sa propre monnaie et ses propres fonds ; elle offre donc un tableau négatif de sa situation et n’encourage guère les acteurs de l’économie à lui faire confiance ; elle vient de mettre l’euro en danger, car aux peuples, comme le nôtre, qui reprochent à la monnaie unique de favoriser l’inflation, s’ajoutent maintenant un peuple, celui de l’Allemagne, qui, plus que les autres, a fait le succès de l’euro.
L’ALLEMAGNE N’A PAS VU LE TABLEAU PLUS GÉNÉRAL, CELUI DE LA CRÉDIBILITÉ DE L’EURO ET DE L’EUROPE
On dira une fois de plus que les Européens n’ont jamais cessé de jouer à se faire peur. D’abord les Grecs ne demandent pas de l’argent frais, ils souhaitent emprunter à un taux supportable et ne peuvent le faire qu’avec la garantie de l’Union. Pour le moment, la crise grecque ne coûte d’argent qu’aux Grecs et à personne d’autre ; ensuite, il eût été bon de donner aux marchés le signal de la résistance et de la stabilité de l’UE, sans recourir au FMI, pour montrer que l’Europe peut, en toute circonstance, défendre ceux de ses membres que la crise a affaiblis plus que les autres. Bientôt, ce sera le Portugal ou l’Espagne ou l’Irlande, qui sont d’autant plus vulnérables aujourd’hui que les spéculateurs n’ont pas le sentiment que l’Europe oppose à leurs manuvres le mur de la solidarité.
La mauvaise raison.
Le taux de change de l’euro par rapport au dollar n’a jamais été alarmant : à 1,33 dollar pour un euro, il offre encore une prime de change aux Européens. Lundi, il remontait à 1,35, peut-être parce que les marchés se sont concentrés sur la solution du problème grec davantage que sur la façon dont il été résolu. Tous les industriels européens souhaitent un euro moins fort qui facilite leurs exportations. Malheureusement, la raison pour laquelle il s’est affaibli récemment n’est pas la bonne. Écartelé entre la puissance allemande et l’impuissance des autres États de la zone euro, la monnaie unique est devenue une cible après avoir servi de paravent contre la crise. Que des Allemands aient suggéré, fût-ce vaguement, qu’ils étaient plus heureux avec le deutschemark n’est pas pour rien dans la baisse de l’euro.
Il est donc urgent que Nicolas Sarkozy et Angela Merkel reconstituent ce qu’il est convenu d’appeler l’axe franco-allemand. La chancelière a des exigences légitimes, par exemple le respect du Pacte de stabilité européen par tous les États de l’Union, et pas seulement par l’Allemagne. Mais, s’il est évident qu’il faudra durcir les conditions d’accès à la monnaie unique, il appartient à M. Sarkozy de rappeler aux Mme Merkel que la façon de résoudre la crise d’un État membre engage la crédibilité de toute l’Europe.
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