C'est une étude originale et sans précédent qui vient d'être lancée en ce début d'année. Baptisée Steracovid et soutenue par la Fondation Apicil, cette initiative devrait permettre de repérer les personnes susceptibles de présenter une importante douleur psychique si des mesures similaires au premier confinement de mars dernier devaient être reconduites.
L'étude − menée par des équipes du centre mémoire de ressources et de recherche du CHU de Saint Étienne (CM2R) et du service de gérontopsychiatrie de l'hôpital du Vinatier à Lyon − se concentre sur une population âgée, ayant des troubles psychiatriques et/ou cognitifs. Ce travail vise à connaître l'impact des stratégies d'adaptation psychologique (ou « coping »), mises en œuvre lors du premier confinement, sur la survenue d'un stress post-traumatique.
Déterminer les facteurs anxiogènes et protecteurs
Au total, 118 patients ambulatoires, suivis pour des pathologies psychiatriques, y seront inclus jusqu'en avril prochain. Ils seront recrutés parmi ceux ayant été suivis en téléconsultation pendant le confinement lié au Covid-19. « En période de confinement, ces patients peuvent présenter des signes importants d’anxiété, rapporte le Dr Isabelle Rouch, épidémiologiste au CM2R du CHU de Saint-Étienne. Celle-ci pourrait perdurer une fois les mesures de confinement levées. Toutefois, nous pensons que ceux qui mettent en place des stratégies efficaces, centrées sur le problème plutôt que sur les émotions, pourraient avoir une anxiété moins importante que les autres ».
Pour la chargée du projet de recherche Steracovid, ces stratégies pourraient aussi avoir un effet protecteur sur la survenue d’un état de stress post-traumatique et ses conséquences sur la qualité de vie. « Certains facteurs comme les conditions de confinement, le type de personnalité, le style d’attachement et les événements de vie pourraient influencer le type de stratégies employé », souligne la chercheuse stéphanoise.
S’étalant sur un an, Steracovid sera mené en deux temps. Les patients seront d'abord interrogés, durant les consultations, sur leurs conditions de vie, leur vécu lors du confinement et les stratégies mises en place pour y faire face. Puis, ils seront sondés par téléphone, par un psychologue, au sujet des effets à long terme du confinement. Les résultats devraient être connus durant le premier semestre 2022.
Les projets de la Fondation Apicil pour 2021
La douleur ne s'arrête pas avec le Covid-19. Cette année encore, la Fondation Apicil, reconnue d'utilité publique et dédiée à la douleur sous toutes ses formes, soutiendra de multiples projets. Au cours du premier semestre 2021, plusieurs seront valorisés : autisme et troubles du comportement liés à la douleur ; sutures liées aux déchirures périnéales ; mémoire de la douleur aiguë chez les anciens brûlés ; ou encore, stimulation transcutanée du nerf auriculaire (taVNS) dans la douleur liée à l'arthrose digitale…
La Fondation militera aussi pour le retour des patients douloureux chroniques à l'hôpital. « Craignant d'être infectés par le Covid-19 − ces patients qui bénéficiaient d'une prise en charge hospitalière régulière − se sont soignés seuls, chez eux. Ce qui engendre un risque accru d'aggravation de la douleur, mais aussi, de mésusage (notamment, de morphiniques) et donc, une perte de chance. Aujourd'hui, il n'y a aucune raison pour que ces patients ne soient pas suivis à l'hôpital », conclut Nathalie Aulnette, directrice de la Fondation Apicil.
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