Entre 2000 et 2010, 46 255 décès sont attribuables au froid, et 13 855 à la chaleur, en France métropolitaine, estiment les chercheurs de santé publique France Magali Corso et coll. dans un article paru dans le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » du 12 décembre. En proportion, le froid est responsable de 3,9 % des décès, et la chaleur de 1,2 %, si l'on regarde les trois premiers jours suivant l'exposition aux fortes chaleurs, et de 0,5 % quand on regarde l'effet cumulé sur 21 jours.
Au regard de l'étude de 18 zones de France, les auteurs soulignent l'impact dissymétrique des températures froides et chaudes. Avec plus de 45 000 décès attribuables, le froid a un effet global plus important, sans qu'il y ait eu d'évènement extrême. Cela s'explique par la durée pendant laquelle sévit le froid, plus longue que celle de la chaleur. En cas d'extrême froid, la mortalité augmente de 38 % sur 21 jours.
Mieux s'armer face aux fortes chaleurs
Des températures très élevées influencent au contraire fortement le risque de décès. La chaleur extrême provoque une hausse de la mortalité de 95 % sur 21 jours ; cette hausse, très rapide, se concentre surtout les trois premiers jours suivant l'exposition (avec une mortalité 1,8 fois plus importante que lors de températures médianes).
En cas de fortes chaleurs, l'impact se concentre aussi les premiers jours, mais à la différence de ce qui se passe pour les chaleurs extrêmes, les auteurs repèrent un « effet moisson » : les fortes chaleurs affectent prioritairement les individus les plus fragilisés qui seraient décédés indépendamment d'elles, mais cette mortalité est compensée par une sous-mortalité après. Si bien que les auteurs indiquent qu'au bout de 21 jours, l'effet net de la chaleur représente 5 804 décès (et non plus 13 855, en tenant compte des 40 % de décès qui sont compensés par l'effet moisson).
En termes de réponses de santé publique, SPF estime qu'il faut mieux identifier les populations vulnérables, qui ne parviennent pas à se protéger contre les grands froids et réfléchir à la manière de protéger des personnes très à risque face aux chaleurs modérées (en deçà des plans canicule). En revanche, les chaleurs très intenses comme la canicule de 2003 – qui risquent d'être banalisées, y compris en respectant les objectifs de l'accord de Paris (déjà compromis) de contenir la hausse des températures sous les 2 °C – peuvent toucher une population beaucoup plus grande. L'effet moisson disparaît alors. « Cela incite à renforcer la prévention pendant les canicules et à se préparer à des épisodes ayant un impact conséquent sur la mortalité, malgré la prévention mise en place », concluent les auteurs.
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