« La dimension psychologique de la crise est tout aussi importante que la dimension somatique », a déclaré Olivier Véran ce 21 janvier lors du 21e Congrès de l'Encéphale, en convenant que la situation nécessite « une mobilisation collective de plus grande ampleur » que la feuille de route lancée en juin 2018 par Agnès Buzyn et que les mesures prévues dans le Ségur de la Santé.
Après avoir rappelé les réformes en cours (évoquées dans nos colonnes par le Pr Frank Bellivier, délégué ministériel à la Santé mentale) et les dernières dotations (60 millions d'euros dans la troisième campagne tarifaire), le ministre de la Santé a appelé à « jeter les bases d'une refondation de la politique de la santé mentale ».
Ceci, autour de trois axes : l'information, la prévention et la recherche. Une réponse à la demande du président Emmanuel Macron d'une « stratégie pour prendre en compte les conséquences psychologiques de la pandémie et des confinements », lors d'une allocution télévisée du 24 novembre.
Campagne nationale de sensibilité, accent sur la prévention
Le ministre de la Santé a ainsi confirmé le lancement d'une stratégie de communication nationale sur le thème « la santé mentale est l'affaire de tous » - sans préciser de calendrier. Elle sera l'occasion de promouvoir les dispositifs d'écoute accessibles au grand public et aux professionnels et s'appuiera sur des relais locaux, notamment les maires.
Pour développer une culture de la prévention, le ministre a annoncé la structuration, « d'ici cet été », d'une stratégie interministérielle et globale destinée à favoriser le bien-être mental et prévenir les conduites à risques, dès le plus jeune âge. Elle reposera notamment sur les PMI, les acteurs de l'éducation nationale et des universités, les caisses d'allocation familiales, les conseils départementaux.
Le programme de premiers secours en santé mentale, expérimenté dans sept universités, sera étendu à 16 établissements d'ici la fin de l'année, a-t-il indiqué. Ce qui devrait s'intégrer à un plan d'action pour accompagner les jeunes, prévoyant aussi la création de 80 postes de psychologues dans les services de santé universitaires et de 60 assistants sociaux dans les Crous.
Toujours en matière de prévention, une feuille de route sur la prévention des usages excessifs des écrans devrait être dévoilée à la fin du premier trimestre, sur la base des recommandations du Haut Conseil de la santé publique (HCSP).
Valoriser la psychiatrie et la recherche
Alors que les critiques sont récurrentes sur l'abandon de la psychiatrie universitaire ou de la recherche en santé mentale, Olivier Véran a promis d'augmenter le nombre de titulaires enseignants (le taux d'encadrement des étudiants est l'un des plus faibles), de reconduire l'appel à projet pour recruter 10 chefs de clinique en pédopsychiatrie et de lancer une campagne d'information sur la discipline auprès des étudiants en santé.
En matière de recherche, la santé mentale et la psychiatrie seront un axe prioritaire du programme hospitalier de recherche clinique en 2021.
Le ministre de la Santé Olivier Véran a enfin donné rendez-vous aux psychiatres aux assises de la psychiatrie voulues par Emmanuel Macron avant l'été et au sommet des 5 et 6 octobre 2021 qui réunira les ministres européens de la santé engagés en santé mentale.
Encadré : L'isolement et la contention feront l'objet d'un plan pluriannuel
Alors que les nouvelles modalités encadrant l'isolement et la contention sont critiquées par les professionnels, qui déplorent le manque de concertation, mais aussi par les usagers et leurs familles, le ministre de la Santé a annoncé que le plan d'accompagnement de ces mesures, doté de 15 millions d'euros (montant jugé insuffisant par l'ensemble des acteurs) connaîtra « une montée en charge dans le cadre d'un plan pluriannuel ». La nouvelle commission nationale de la psychiatrie, installée ce 18 janvier et présidée par le Pr Michel Lejoyeux, (qui remplace l'ancien comité de pilotage) devrait suivre la mise en application de la réforme.
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