« CE N’EST PLUS gérable », a expliqué l’ancien secrétaire d’État à l’Action humanitaire d’urgence dans un entretien à « Charlie Hebdo », alors que l’État a annoncé en mai des réductions drastiques des moyens alloués à l’hébergement d’urgence (moins 3,3 % à 1,204 milliard) et que le Samusocial de Paris, qui a dû diminuer de 25 % le nombre de nuitées financées à l’hôtel, a fermé le 30 juin son seul établissement accueillant des femmes, le vétuste centre Yves-Garel. « C’est comme dans le dessin animé de Tex Avery, tout le monde se refile le bâton de dynamite avant qu’il pète. On est dans le "c’est pas moi, c’est toi" : c’est du ressort de l’État, non, c’est celui de la mairie. Ils se tirent dans les pattes, ils n’ont pas les mêmes objectifs, c’est à celui qui ne paiera pas ou, au contraire, qui se dira le plus généreux. Je me suis battu toute ma vie, je ne veux pas couvrir ça. »
Xavier Emmanuelli, qui devrait quitter ses fonctions en octobre, a fondé le Samusocial de Paris en 1993, avec l’aide du maire de l’époque, Jacques Chirac. Tous lui ont rendu hommage, y compris le gouvernement, sans se précipiter pour trouver des solutions. Le secrétaire d’État au Logement Benoist Apparu a ainsi salué « le formidable boulot qu’il a fait depuis 18 ans à la tête du Samusocial de Paris », tout en soutenant la réorientation de la politique, avec 4 500 places d’hôtel qui doivent être remplacées par des logements d’ici à la fin de l’année.
François Fillon a lui aussi salué Xavier Emmanuelli « pour son engagement déterminé au service des plus démunis ». Il rencontrera les associations dès la rentrée, assure un communiqué, « pour faire le point avec elles sur la préparation de l’hiver et, plus largement, sur les difficultés rencontrées ».
Dans les hôpitaux.
En attendant, les familles à la rue se réfugient aux urgences des hôpitaux. L’Assistance publique-Hôpitaux de Paris en a recensé 111 entre le 15 mai et le 4 juillet, et au moins 64 enfants, âgés de quelques semaines à 12 ans, ont dormi aux moins une nuit aux urgences. Ce qui pose également des problèmes aux structures concernées qui, souligne SAMU Urgences de France dans un communiqué, peuvent avoir du mal à « assumer convenablement leur mission déjà difficile ».
Selon les chiffres de la Fondation Abbé Pierre, plus de 680 000 personnes étaient en 2010 sans domicile personnel, dont 133 000 SDF et 13 000 places d’hébergement sont manquantes rien qu’en Île-de-France. Droit au logement (DAL) a tenté en vain de faire annuler par le tribunal administratif de Paris une circulaire préfectorale du 26 avril réduisant le nombre de places du Samusocial de Paris et resserrant les conditions d’accès. L’association a décidé de s’adresser au Conseil d’État, en vertu du Code de l’action sociale et des familles qui, selon son porte-parole, « contraint l’État à héberger sans condition préalable toute personne à la rue ».
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