LE FUTUR PATRON des patrons, 53 ans, dirige une entreprise familiale, Radiall, numéro un mondial sur deux niches de haute technicité. Durant sa campagne, cet ingénieur formé en France et aux États-Unis a adopté des positions offensives contre les 35 heures, sur l’âge de la retraite, la fiscalité des entreprises ou la dépense publique. Mais quelle est sa perception du secteur de la santé ?
Son prédécesseur, Laurence Parisot, n’a pas souhaité intervenir dans les affaires catégorielles. Le MEDEF ne s’est pas mêlé de l’affaire Servier, par exemple. À ce titre, le vent nouveau soufflant au sein de l’organisation patronale est perçu comme une opportunité par la FEFIS (Fédération française des industries de santé), qui a soutenu Pierre Gattaz. La filière santé veut changer d’image et gagner la place qu’elle estime mériter. « Les autres entreprises nous ont souvent perçus comme un coût pesant sur leurs charges sociales, regrette Christian Lajoux, président de la FEFIS, administrateur du LEEM, et membre du conseil exécutif du MEDEF. Les industries de santé, ce sont 1 200 entreprises, 400 sites de production, 200 000 salariés. On l’oublie trop souvent ».
Les cliniques offensives.
Un autre poids lourd du monde de la santé, la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP), compte jouer des coudes. La FHP a adhéré au MEDEF en 2010 et intégré son conseil exécutif en 2012. Sa cotisation s’élève à 200 000 euros par an : un investissement indispensable aux yeux de Jean-Loup Durousset, président de la FHP, qui, de réunion et réunion, joue les pédagogues au sein du MEDEF. « Longtemps, les entreprises n’ont pas considéré les cliniques comme de véritables entreprises. En rejoignant le MEDEF, on a voulu aller leur parler pour qu’elles sachent qui on est, comment on fonctionne. Chaque arbitrage social a un impact sur le système de santé, donc sur nous ».
Créatrices d’emplois (3 000 embauches en 2012), les cliniques veulent être pleinement considérées, glisse Jean-Loup Durousset. « Quand le MEDEF monte au créneau pour la convergence tarifaire entre hôpitaux et cliniques, ce n’est plus du corporatisme bête et méchant. Ce sont toutes les entreprises françaises qui se mobilisent sur la question », note le président de la FHP. Cette fois, le relais d’opinion n’a pas permis d’éviter l’abandon de la convergence tarifaire public privé, une promesse de François Hollande. Une autre bataille, celle menée pour le CICE (crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi), a abouti à une demi-victoire : la baisse tarifaire appliquée aux cliniques est plus modérée que prévu.
La télémédecine
Quid de la protection sociale, de l’assurance-maladie ? Pierre Gattaz a cité la télémédecine comme un moyen de réduire les coûts. À ses yeux, « 25 milliards d’euros pourraient être gagnés en optimisant la gestion ». Le soutien que lui a apporté Denis Kessler, ancien président de la FFSA et ex-numéro 2 du patronat, annonce une radicalisation, selon certains syndicats. Depuis 2001 et les 35 heures, le MEDEF boude le conseil de la CNAM, avance peu d’idées neuves sur la santé. Mais pour Christian Lajoux, il est temps de tourner le dos à la politique de la chaise vide. Si le MEDEF s’empare de la question des déficits sociaux, nul doute que les débats s’animeront vite. « Chaque PLFSS demande aux industriels de faire la moitié des économies alors que nous ne représentons que 20 % des dépenses. Il y a des marges de productivité à trouver du côté des hôpitaux publics et privés », suggère Christian Lajoux.
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