Le nouveau rapport de l’ONUSIDA publié ce mercredi établit, à la veille de la conférence mondiale sur le sida de Melbourne (20 au 25 juillet), le visage de l’épidémie à la fin de l’année dernière. En 2013, 35 millions de personnes dans le monde vivaient avec le VIH/sida (2 millions de plus qu’en 2012) et 2,1 millions de personnes ont découvert cette année-là leur séropositivité (2,5 millions en 2012).
« Le nombre de nouvelles infections continue à diminuer dans la plupart des pays dans le monde », se réjouit l’ONUSIDA. Si l’on considère les trois dernières années, la baisse est de 13 % (de 38 % depuis 2001). La baisse de l’incidence est encore plus prononcée parmi les enfants puisqu’avec les 240 000 nouvelles infections enregistrées en 2013, elle atteint les 58 % par rapport à 2002, année où l’épidémie chez les plus jeunes a atteint un record.
Par ailleurs et pour la première fois, « le nombre de nouvelles infections chez l’enfant est descendu sous les 200 000 dans les 21 pays d’Afrique les plus touchés ».
13 millions de personnes sous ARV
L’accès aux antirétroviraux figure également parmi les bons points de ce rapport. En 2013, ce sont 2,3 millions de personnes supplémentaires qui ont pu avoir accès aux antirétroviraux (ARV), ce qui porte le total mondial des personnes sous ARV à près de 13 millions* dont 3 sur 4 vivant en Afrique subsaharienne là où les besoins sont les plus importants.
Dans cette région, près de 90 % de ceux qui connaissent leur statut virologique (test positif) ont ensuite accès à une trithérapie et 76 % d’entre eux ont une charge virale indétectable et ne sont donc pas susceptibles de transmettre le virus. Ces données soulignent que « lorsque les personnes découvrent leur séropositivité, elles cherchent à obtenir un traitement », fait observer l’ONUSIDA.
Le Hic, c’est que plus de la moitié des 35 millions de personnes vivant avec le VIH (19 millions) ne connaissent pas leur statut. M. Sibidé, directeur exécutif de l’ONUSIDA appelle à dépister l’infection à VIH en même temps que d’autres maladies : « Il faut changer complètement notre approche, normaliser le dépistage », a-t-il expliqué.
Par ailleurs, si la mortalité liée au VIH/sida est, elle aussi en baisse - 1,5 million de décès enregistrés en 2013 soit une chute de 35 % depuis 2005, année record pour les décès -, la baisse n’est pas homogène. Dans certaines régions, le nombre de décès augmente, en flèche, comme au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (66 %) ou plus modérément comme en Europe orientale et en Asie centrale (5 %).
12 populations à mieux protéger et 15 pays cibles
Ces données mettent en exergue la nécessité d’une analyse plus ciblée par pays et par type de populations touchées. Intitulé « Gap report » (rapport des écarts), le document de l’ONUSIDA tente pour la première fois d’identifier les raisons du fossé qui se creusent entre ceux qui parviennent à avoir accès à la prévention, au traitement et aux soins et les laissés pour compte.
Parmi les personnes exposées au VIH, 12 catégories de la population sont jugées les plus à risque : les jeunes (15-24 ans) mais aussi les 50 ans et plus de plus en plus nombreux, les homosexuels (19 fois plus de risque d’être infectés par le VIH), les transsexuels, les travailleur(se)s du sexe, les usagers de drogues injectables, les migrants, les détenus, les personnes déplacées, les femmes enceintes et aussi les Afro-américaines.
Quinze pays rassemblent à eux seuls 75 % des personnes vivant avec le VIH parmi lesquels on retrouve les États-Unis et la Russie aux côtés de l’Afrique du Sud, du Brésil, du Cameroun, de la Chine, de l’Inde, de l’Indonésie, du Kenya, du Mozambique, du Nigeria, de la Tanzanie, de l’Ouganda, de la Zambie et du Zimbabwe.
Fin de l’épidémie en 2030 ?
L’objectif reste bien de parvenir à la fin de l’épidémie de VIH/sida d’ici à 2030 même si « le virus continuera à être présent parmi nous encore longtemps », précise l’ONUSIDA. « Bien plus d’étapes ont été franchies au cours des 5 dernières années qu’au cours des 23 années précédentes », constate l’organisation qui juge que les 5 prochaines années seront déterminantes.
« Si nous parvenons à accélérer et à élargir l’ensemble des mesures en 2020, nous serons sur la bonne voie », a indiqué Michel Sidibé. La feuille de route est précise : baisse de 90 % des nouvelles infections surtout parmi les plus vulnérables, baisse de 90 % de la stigmatisation et de la discrimination, baisse de 90 % de la mortalité.
Et si les ressources financières allouées à la lutte contre le sida continuent à augmenter malgré la crise : 19,1 milliards de dollars en 2013 (14 milliards d’euros), l’ONUSIDA estime qu’il faudrait entre 22 et 24 milliards de dollars par an pour financer la lutte contre le sida.
* au 17 juillet 2014, le nombre de personnes sous antirétroviraux était de 13 936 324 (près de 14 millions).
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