Alors que se tient ces 5 et 6 octobre le troisième sommet sur la santé mentale « Mind Our Rights, Now ! », à Paris, l'Unicef alerte sur les conséquences à long terme du Covid sur l'état psychique des plus jeunes, dans un rapport intitulé « Dans ma tête : promouvoir, protéger et prendre en charge la santé mentale des enfants ».
Avant même la pandémie mondiale, les données les plus récentes indiquaient que plus d’un adolescent sur sept âgé de 10 à 19 ans vit avec un trouble mental diagnostiqué. Près de 46 000 adolescents se suicident chaque année, ce qui en fait l’une des cinq principales causes de décès pour cette tranche d’âge (une problématique sur laquelle la Haute Autorité de santé vient de publier des recommandations de bonne pratique).
En regard, seulement 2 % des budgets publics affectés à la santé sont dédiés à la santé mentale, dans le monde. « Avant même le Covid, bien trop d’enfants souffrant de problèmes de santé mentale n’étaient pas pris en charge. Les investissements consentis par les gouvernements pour répondre à ces besoins cruciaux sont trop faibles. Les liens entre la santé mentale et la qualité de vie à long terme ne sont pas suffisamment reconnus », dénonce la directrice générale d’Unicef, Henrietta Fore.
Le poids du Covid
Le Covid n'a fait qu'empirer la situation. Selon une enquête internationale menée par l'Unicef et Gallup auprès d’enfants et d’adultes dans 21 pays, un jeune interrogé sur cinq âgé de 15 à 24 ans en médiane a déclaré se sentir souvent déprimé ou désintéressé. Au moins un enfant sur sept dans le monde a été directement touché par des mesures de confinement et plus d'1,6 milliard d'élèves ont vu leur éducation en pâtir.
En France, plus des trois quarts de 25 000 enfants de 6 à 18 ans, ayant répondu à une consultation d'Unicef France, indiquent qu'il leur arrive d'être tristes, 53 %, de n'avoir plus goût à rien, 64 % de perdre confiance en eux. Parmi les plus âgés (13-18 ans), 27 % disent avoir eu des idées suicidaires, 10 % évoquent une tentative de suicide. Or rares sont ceux qui se tournent vers les soins. Seulement 35 % des 6-18 ans ont pu rencontrer un médecin ou un psychologue.
Quant au coût sur la société de la souffrance des jeunes et des troubles mentaux entraînant un handicap ou un décès, il est estimé par la London School of Economics à près de 390 milliards de dollars par an.
En réaction, l'agence de l'Organisation des nations unies appelle les gouvernements et partenaires publics et privés à investir de toute urgence dans la santé mentale des enfants et des adolescents dans tous les secteurs. L'objectif est de soutenir une approche globale de la prévention, à déployer des interventions fondées sur des données probantes, notamment des programmes d’éducation parentale, et à briser le silence autour de la maladie mentale. L'Unicef demande aussi à l'école de soutenir les élèves en offrant des services de qualité et favorisant l’établissement de relations positives.
« La crise sanitaire souligne l’urgence et justifie plus encore l’opportunité de cet événement mondial sur la santé mentale », a déclaré le ministre de la Santé Olivier Véran, ce 5 octobre, en ouverture du sommet mondial sur la santé. Et d'appeler à une meilleure « structuration des échanges entre les professionnels, la société civile et les décideurs politiques, dans une approche réseau », ainsi qu'à la « recherche du renforcement du volet "santé mentale" dans les actions internationales ».
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