Quelque 200 000 naissances devraient intervenir ces trois mois ; soit, en comptant les mères, quelque 400 000 personnes à protéger - d'autant que la contamination materno-fœtale par le SARS-CoV-2 fait l'objet de débats scientifiques, les études ne convergeant pas.
Académie nationale de médecine, collège national des gynécologues obstétriciens français (CNGOF) et syndicat national des gynécologues obstétriciens de France (SYNGOF) rappellent les mesures préconisées d'après les retours d'expérience des zones les plus touchées, pour protéger les familles, mais aussi les soignants. Il y a une « impérieuse nécessité sanitaire à limiter au maximum le flux de personnes dans les hôpitaux », exhortent le CNGOF et le SYNGOF.
Un suivi par téléconsultation si possible
Le suivi de grossesse doit se faire en priorité par téléconsultation, recommandent le CNGOF et le SYNGOF. Si une consultation est indispensable (échographies de grossesse et pelviennes pour les pathologies gynécologiques), la patiente doit se tourner vers les gynécologues ou les sages-femmes libéraux. Les consultations à l'hôpital doivent être réservées aux grossesses à risque, dans des conditions strictes : masques pour les soignants, contacts limités avec les autres patients et absence d'accompagnant.
Père accepté en salle d'accouchement, refusé dans les services
Pour l'accouchement, chaque maternité élabore son protocole de prise en charge, sur le modèle du protocole élaboré en Alsace.
« À l’heure actuelle, la présence de l’accompagnant est parfois acceptée durant l’accouchement, sous réserve de conditions drastiques à respecter », écrivent SYNGOF et CNGOF
Le Collège pour sa part, recommande d'accepter l'accompagnant en salle de naissance à partir de la phase active de travail, sans possibilité de va-et-vient, et jusqu'à la fin des deux heures suivant l'accouchement.
En revanche, le père ou l'accompagnant ne peut accéder aux services d'hospitalisation (ni en salle de césarienne le cas échéant). Il doit quitter l'hôpital et ne revenir que pour chercher la mère et l'enfant.
« Aucune visite n’est autorisée et le conjoint ne peut accompagner la mère et l’enfant dans la chambre de suite de couche », insistent de concert CNGOF et SYNGOF, tout en se disant conscients de la « dureté de cette situation ». Et de souligner que plusieurs établissements ont mis en place des sorties précoces, en lien avec les réseaux de sages-femmes libérales habituées à travailler avec ces maternités dans le cadre du programme de retour à domicile (avec ou sans PRADO).
En revanche, le CNGOF et le SYNGOF se montrent réservés à l'égard des accouchements à domicile, vu les « difficultés du système de soins actuels ». « En cas de problème, les SAMU débordés pourraient ne pas arriver à temps et la réactivité des services d’urgences pour la prise en charge des hémorragies de la délivrance à domicile ne sera pas la même dans cette crise sanitaire », craignent-ils.
Pour les parturientes suspectes ou testées positives au Covid, des filières dédiées doivent être instaurées, avec un parcours de soins protégé depuis l'entrée en maternité jusqu'au retour au domicile et une prise en charge isolée.
Allaitement possible
CNGOF, SYNGOF et Académie estiment sans risque l'allaitement direct (ou après avoir tiré son lait), y compris pour les mères dont l'infection au Covid-19 est suspecte ou confirmée.
En revanche, les gynécologues appellent les mères à respecter des règles d'hygiène strictes : se laver régulièrement les mains à l’eau savonneuse, les frictionner avec une solution hydro-alcoolique avant de s’occuper du bébé, bien se sécher les mains avant de le prendre, ne pas toucher le masque ou le visage et laver ses seins au savon doux non odorant et à l’eau. Si la mère est positive au Covid-19, elle doit porter un masque chirurgical en permanence.
Enfin, les sociétés savantes et l'Académie de médecine appellent à un approvisionnement adéquat des maternités en dispositifs de protection pour les soignants, ceci pour tous les accouchements, soignants comme parturientes ou accompagnants pouvant être porteurs asymptomatiques du virus.
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