Situé à la Porte de Saint-Ouen, dans le 17e arrondissement de Paris, le centre médical de SOS Médecins connaît ce soir-là une effervescence inédite.
Pas moins de deux ministres déléguées – Élisabeth Moreno (Égalité entre les femmes et les hommes) et Marlène Schiappa (Citoyenneté) – ont fait le déplacement dans les locaux pour assister à la signature de la convention entre l'association parisienne de SOS Médecins, la préfecture de police, le préfet de région, la caisse primaire d'assurance-maladie et deux associations d'aide aux victimes. Par ce partenariat, le centre médical devient un lieu d'accueil et d'orientation des femmes victimes de violences.
Cette offre qui s'articule autour de la médecine de ville apparaît complémentaire à d'autres structures hospitalières comme la Maison des femmes de l'AP-HP (Hôpital Bichat), située à quelques centaines de mètres. « Les médecins et les infirmiers sont les premiers professionnels vers qui se tournent les victimes de violence quand elles n'osent pas aller porter plainte, a argumenté Élisabeth Moreno. Il faut avoir des structures comme celle-ci pour accompagner les femmes dans leur globalité. » D'où la présence à ses côtés du Dr Serge Smadja, président de SOS Grand Paris, très satisfait de ce partenariat.
Formation sur le certificat initial
Dans la lutte contre le fléau des violences faites aux femmes, les médecins libéraux jouent ainsi pleinement leur partition. « Les 180 médecins de SOS Grand Paris font des visites à domicile, souligne le généraliste. Ce sont eux qui font la détection des cas de souffrance. Si besoin, ils adresseront la victime à ce centre d'accueil ». Les femmes victimes de violences pourront aussi prendre rendez-vous par téléphone ou se présenter au centre.
Le déroulement de la prise en charge est simple. Après l'accueil et la consultation avec la victime « pour libérer la parole », le médecin établit un certificat initial descriptif des blessures. Habituellement, la délivrance d'un tel document est effectuée par l'unité médico-judiciaire de l’hôpital ou de la clinique. Pour bien rédiger ce certificat important susceptible de servir de preuve, les médecins de SOS vont être formés. « Cette formation permet de cadrer dans les règles de l'art la procédure judiciaire s'il y en a une », explique le Dr Smadja, également secrétaire général de la Fédération nationale de SOS.
Une fois le certificat établi, le praticien encourage la victime à entrer dans un parcours d'accompagnement personnalisé « à 360° » à la fois juridique, psychologique et social. « Si la patiente veut porter plainte, un membre de l'association va l'aider à prendre rendez-vous ou la conduit au commissariat, avance le Dr Smadja. Il est prévu que l'officier de police se déplace dans le centre pour faciliter le dépôt de plainte ».
Médecins, police, justice et associations
Pour aider les médecins à évaluer le niveau d'urgence de la situation et entamer l'accompagnement, une ligne téléphonique dédiée est mise à leur disposition. Il est aussi prévu qu'en cas de difficulté financière de la victime pour régler sa consultation, les frais soient remboursés par la caisse primaire. Le généraliste se félicite de la coordination des acteurs – médecins, police, associations, justice – au service de cette prise en charge globale. Pour l'heure, le dispositif reste expérimental pendant deux ans. Une évaluation sera effectuée dès février 2022 pour connaître les volumes et les types de consultations.
À Tours, où un centre semblable a été mis en place en 2019 par SOS, « les médecins reçoivent en moyenne de trois à cinq femmes victimes par semaine, le plus souvent des violences intrafamiliales », précise le Dr Smadja. En Île-de-France, le phénomène prend de l'ampleur. Chaque année, 10,9 % des Franciliennes sont victimes de violences au sein du couple, selon l'observatoire national des violences faites aux femmes.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation