LES GENS SONT méchants. Le luxe dans lequel baignait le pouvoir jusqu’à présent lui a été suffisamment reproché (et notamment la fameuse soirée du Fouquet’s qui continue à coller à la peau de Nicolas Sarkozy) pour qu’aujourd’hui on se réjouisse de ce qu’il semble y renoncer. Mais vous pouviez compter sur l’opposition pour mettre l’accent sur des dépenses dérisoires par rapport au gouffre des déficits. Ou pour démontrer que M. Sarkozy lui-même n’abandonne ni son salaire ni ses privilèges, comme l’avion présidentiel tout neuf qu’il va obtenir. On dira, pour la défense du président, et sur le mode ironique, qu’il ne faudrait pas que la permanence de nos institutions fût mise en danger par le vieux coucou dans lequel il vole encore. Même si le chef de l’État est obsédé par la puissance inégalée d’un Barack Obama qui voyage dans Air Force One, un palace volant. D’autres, en tout cas, ne sont pas mécontents d’apprendre qu’un secrétaire d’État ne puisse plus voyager en jet privé sous le prétexte qu’il doit respecter plusieurs rendez-vous ; ni qu’il (le même) ne puisse plus obtenir un passe-droit pour la construction de son mas à Grimaud ; ni qu’il ne fume plus de gros cigares financés par la République ; ni qu’il, ou plutôt elle, ne puisse donner son appartement de fonction à sa famille ; ni qu’il ne puisse plus avoir deux appartements de fonction. La liste est longue.
Acharnement.
Le destin d’Éric Wœrth sera-t-il déterminé par cette vague d’ascèse qui inonde les cercles du pouvoir ? On est frappé par la violence et la durée de la campagne lancée contre le ministre du Travail qui, comme beaucoup d’autres avant lui, n’a pas bénéficié de la présomption d’innocence, en dépit des efforts répétés de ses amis pour l’exonérer de tout soupçon. On remarque que sa double casquette de trésorier de l’UMP et, naguère, de ministre du Budget, ne fait polémique qu’aujourd’hui, alors qu’elle a existé pendant trois ans, période au cours de laquelle, personne, à gauche ou à droite, n’a trouvé à redire à cet état de fait. C’est bien la preuve que M. Wœrth fait l’objet d’un acharnement excessif. Quand d’aucuns ont fait valoir qu’il n’est pas sain d’attaquer un ministre en critiquant le rôle de son épouse, les censeurs de M. Wœrth n’ont guère été impressionnés par l’objection et ont poursuivi leurs attaques. On tire un fil et on dévide la pelote. On ne s’arrêtera que lorsque M. Wœrth sera mis à bas, viré, ruiné moralement et que Mme Wœrth sera en chômage de longue durée. Peu importent ces dommages collatéraux. Ce qui compte, c’est d’affaiblir le pouvoir et, si c’est possible, d’empêcher la réforme des retraites. C’est un combat de boxe où les coups de poing au ventre sont permis.
APRÈS AVOIR FAIT DU FOUQUET’S UNE FAUTE ORIGINELLE, ON MÉPRISE LES « ÉCONOMIES DE POCHE »
Il est indispensable de se montrer prudent, car les précédents sont innombrables de personnages qui ont été accusés injustement et que la justice a blanchis. L’ancienne juge d’instruction Éva Joly, qui milite aujourd’hui à Europe-Écologie, a apporté son eau au moulin de la campagne contre M. Wœrth, sans se souvenir qu’elle-même, en son temps, avait harcelé Roland Dumas et même perquisitionné chez lui dans l’affaire d’Elf, mais que, plus tard, l’ancien ministre des Affaires étrangères fut relaxé par le tribunal. Idéalement, on ne devrait jamais se fier aux apparences. Il suffit de poser des questions et d’exiger des réponses. C’est pourquoi M. Wœrth doit faire une complète transparence sur ses diverses activités, sur le financement de l’UMP associé à la lutte contre la fraude fiscale, sur sa bataille contre les comptes français à l’étranger et l’indulgence dont pourrait avoir bénéficié Liliane Bettencourt. Même Florence Wœrth, qui a eu une conversation intéressante avec une journaliste du « Monde », reconnaît aujourd’hui qu’elle a peut-être minimisé le conflit d’intérêts entre les fonctions de son époux et son activité professionnelle. Ce conflit d’intérêts qui, lui aussi, a duré trois ans sans que personne s’en émût, est le seul élément incriminant que l’on puisse aujourd’hui, et dans l’attente de la pleine vérité, reprocher immédiatement à M. Wœrth. L’incompatibilité de l’emploi de sa femme et du sien aurait dû lui sauter aux yeux pour la seule raison qu’elle suffisait à nourrir des soupçons, d’autant que Mme Bettencourt, l’une des femmes les plus riches de France, ne doit plus savoir elle-même où se trouve sa fortune et que, payant des sommes énormes au fisc, elle tente, comme tout un chacun, de lui échapper, grâce à ce qu’on appelle des niches fiscales ou par d’autres moyens encore, comme cette bagatelle de 88 millions d’euros qu’elle avait placée en Suisse et qu’elle a juré de rapatrier.
Le sang-froid d’Éric Wœrth a été remarquable en toute circonstance, même pendant cette longue crise qu’il traverse et qui n’est pas terminée. C’est un bon ministre et peut-être un bon trésorier de l’UMP. Mais il ne suffit pas qu’il ait de grandes qualités. Il faut aussi qu’en dépit de ce qu’a répété mardi le porte-parole du gouvernement, il quitte ses fonctions de trésorier de l’UMP s’il veut rester ministre. Sinon, nul n’est indispensable et, après tout, la réforme des retraites peut être conduite pas un autre homme.
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