La reprise progressive des activités sociales, économiques et culturelles, de la France, est « souhaitable et même nécessaire », mais elle doit être « prudente et maîtrisée », et s'accompagner d'objectifs sanitaires précis et quantifiés, indique le Conseil scientifique, dans un avis remis (à la suite d'une auto-saisine) le 6 mai aux autorités.
Le Conseil scientifique prend acte du contexte de « grande lassitude de la population, d’autant plus préjudiciable à la santé mentale que le risque clinique est resté durablement élevé, suscitant une anxiété qui se prolonge ». Mais il souligne aussi les tensions qui pèsent sur le système de santé.
Si l'incidence du Covid-19 est en baisse, les hôpitaux sont en tension, non seulement dans les soins critiques (au 5 mai le pourcentage de patients Covid en réa rapporté au total des lits disponibles avant le début de la crise est supérieur 100 % dans huit régions et de 107 % au niveau national), mais aussi dans les autres secteurs, où la prise en charge des autres patients est dégradée et où les soignants sont en souffrance.
Il est donc nécessaire d'éviter deux impasses : la survenue durant l’été 2021 d’une possible 4e vague, induite par une sortie précipitée, mais aussi l’installation sur le territoire d’une « situation chronique » avec une circulation virale plus ou moins maîtrisée.
Objectif : 35 millions de primovaccinés fin 2021
La sortie du troisième confinement est déterminante : si le niveau de circulation du virus est bas, avec « par exemple une incidence inférieure à 100 cas pour 100 000 habitants par semaine soit 10 000 nouveaux cas par jour (contre 20 000 aujourd'hui), profitant de la dynamique descendante en cours, les mois qui viennent seront beaucoup plus faciles à gérer ». En revanche, si l'incidence du Covid est supérieure à 100/100 000, « les mois qui viennent seront très incertains ».
« Une grande partie de la solution » réside dans la vaccination, avance le Conseil scientifique, qui fixe l'objectif de 35 millions de personnes primo-vaccinées d'ici fin juin 2021. Soit « 500 000 personnes vaccinées par jour au moins ».
L'accélération de la vaccination sera donc cruciale, notamment entre début mai et fin juin, « période difficile où se poursuivra la course de vitesse entre variants et vaccination », surtout dans les régions où le virus circule à un niveau élevé, prévoit le Conseil scientifique.
Mais il faudra alors plus que jamais conserver les mesures de distanciation sociale et s'armer de « toutes les innovations », en particulier les outils de dépistage, notamment chez les asymptomatiques, conseille l'instance présidée par le Pr Jean-François Delfraissy. La vaccination risque de prendre du temps à se traduire par des effets concrets, et la possibilité qu'apparaissent des mutations d’échappements immunitaires est bien réelle.
Préférer un plateau bas d'incidence
À quel niveau souhaite-t-on voir l’incidence des cas se stabiliser ? La question est fondamentale. « Nos voisins européens ont choisi des niveaux d’incidence allant de 100 à 50/100 000/semaine comme objectifs. Si on continuait sur la pente de décroissance actuelle, on les atteindrait respectivement les 25 mai et 15 juin 2021 », écrit le Conseil scientifique, qui juge l'option d'un plateau bas « nettement préférable à celle d'un plateau haut ».
Sans déjuger totalement le plan de déconfinement présenté par Emmanuel Macron, le Conseil scientifique propose deux approches pour le relâchement des mesures de restriction : nationale ou régionale, avec une réouverture par paliers selon des seuils à définir pour le niveau de saturation en soins critiques, l’incidence et le taux de reproduction, la proportion de personnes vaccinées ou infectées naturellement en population et le niveau de circulation des variants (en particulier, le pourcentage de virus présentant la mutation 484K).
« Le relâchement des mesures de restriction ne doit pas être considéré comme un signal de relâchement général », précisent les experts, qui appellent aussi à la prise de conscience des Français, dont le comportement ces prochains mois est « difficile à prévoir ».
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