« DES FREINS CULTURELS ont sauté : désormais, 84 % des Français estiment que les jeunes handicapés doivent apprendre à l’école, avec les autres enfants », se réjouit Sophie Cluzel, la présidente de la Fédération nationale des associations au service des élèves présentant une situation de handicap (FNASEPH). Le sondage FNASEPH-20 minutes*, publié à l’occasion du Grenelle de la scolarisation et de la formation professionnelle des jeunes handicapés qui s’est tenu mercredi à l’Université Paris-Dauphine, reflète une sensibilisation accrue de la société à cette question. Peut-être parce que 21 % des personnes interrogées déclarent connaître un jeune handicapé dans leur environnement proche. Toujours est-il que 95 % d’entre elles pensent que ces élèves ont droit à un accompagnement adapté. Ils sont tout autant à souhaiter que les accompagnateurs obtiennent un statut pérenne au sein de l’Éducation nationale et que les enseignants soient formés. Plus de la moitié estime que la situation des jeunes handicapés s’est plutôt améliorée depuis 5 ans.
« La loi du 11 février 2005 ** a contribué à ouvrir les portes de l’école », confirme Sophie Cluzel. Le ministère de l’Éducation Nationale recense 212 640 élèves handicapés scolarisés à la rentrée 2011, soit 11 000 de plus que l’an passé et 60 % de plus qu’en 2005. « Cela ne signifie pas qu’avant les handicapés ne franchissaient pas le seuil de l’école. Aujourd’hui, davantage de diagnostics sont posés et suivis de projets de scolarisation mieux affinés », commente la présidente de la FNASEPH.
Mais l’intégration de ces jeunes laisse à désirer. Le sénateur des Pyrénées-Orientales Paul Blanc avait déjà souligné dans un rapport remis à Nicolas Sarkozy à l’occasion de la 2e conférence nationale du handicap en juin dernier, que malgré 1,3 milliard d’euros consacrés à l’accueil des handicapés dans les écoles, ils restaient en marge de la vie sociale. Sophie Cluzel dresse 6 mois plus tard, un constat similaire : « Ces jeunes handicapés vont à l’école pour entrer de plain-pied dans la société après. Or beaucoup reste à faire ! Les ruptures scolaires sont nombreuses : certains arrêtent l’école, d’autres sont réorientés vers le médico-social ».
Au chapitre des obstacles, on peut citer l’inégale répartition des dispositifs collectifs d’accueil dans l’enseignement secondaire. « Il faudrait un meilleur maillage territorial sinon les élèves repartent dans les instituts spécialisés, alors que les parents se sont battus depuis le début pour les faire évoluer dans le milieu ordinaire », explique Sophie Cluzel. En outre, les handicapés seraient systématiquement orientés, selon elle, vers des filières désormais bouchées, à l’exemple de la comptabilité. Résultat : ils connaissent un taux de chômage de près de 20 % et 80 % des travailleurs sont ouvriers.
L’Arlésienne des AVS.
C’est enfin et surtout l’accompagnement des élèves qui défaille. « Il n’y a aucune gestion du personnel des services d’auxiliaires de vie scolaire (AVS) » dénonce la présidente de la FNASEPH. Les statuts, qu’ils soient AVS ou EVS (emplois vie scolaires, soit des contrats aidés créés en 2003 pour succéder aux emplois jeunes) n’assurent en effet aucune pérennité du service. Les contrats vont de 3 ans pour les mieux lotis (AVS) à 6 mois, souvent en temps partiel, presque sans formation et sans perspective d’avenir. Conséquence : le remplacement d’un AVS devient vite un casse-tête. « Nous aidons actuellement une famille dont l’accompagnateur a interrompu son service 2 semaines avant Noël. Il n’est toujours pas remplacé, la famille n’en peut plus et c’est souvent une cause de rupture scolaire », déplore Sophie Cluzel.
Le diagnostic est connu du ministère de l’Éducation Nationale. « Des outils ont été annoncés sur la gestion des services et la professionnalisation, lors de la 2e conférence nationale du handicap », rappelle la présidente de la FNASEPH. « Les moyens financiers sont là, mais ils sont très mal utilisés ».
Le Grenelle a accouché, à l’issue des 3 ateliers sur la scolarisation, l’accompagnement des familles et la formation professionnelle, d’une série de propositions applicables d’ici 2 ans qui devrait être transmise à Nicolas Sarkozy.
*Sondage réalisé par l’IFOP du 17 au 19 janvier 2012 par questionnaire autoadministré en ligne auprès de 1002 personnes.
**La loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées affirme le droit pour chacun à une scolarisation en milieu ordinaire au plus près de son domicile, à un parcours scolaire continu et adapté. Les parents sont de plus étroitement associés à la décision d’orientation de leur enfant et à la définition de son projet personnalisé de scolarisation (P.P.S.).
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