Le conseil scientifique de la Société de Pneumologie de Langue Française a récemment produit un document sur la question des conséquences sur la santé respiratoire de la pollution atmosphérique (1).
Ce texte peut être complété par l’étude des conséquences de l’exposition chronique aux particules fines sur la mortalité (2). Les particules polluantes sont habituellement classées par leurs tailles du fait de leur pénétration plus ou moins profonde dans le système pulmonaire. L’Union européenne a retenu comme polluants à surveiller les particules en suspension d’un diamètre inférieur à 10 microns (PM10) et celles dont le diamètre est inférieur à 2,5 microns (PM2,5). L’attention se porte de plus en plus vers les particules ultrafines, de diamètre inférieur à 1 micron (PM1).
50 % des particules fines sont issues du résidentiel
En 2015, en France, environ 50 % des émissions de particules fines sont issues du résidentiel/tertiaire et 10 % proviennent du trafic routier. Les émissions d’oxyde d’azote ont été divisées par 2 en 30 ans du fait de la « désindustrialisation » de la France et de la limitation des émissions issues des véhicules particuliers. Les émissions de PM2,5, quant à elles, ont été divisées par 3 en 25 ans, principalement en raison d’une meilleure isolation des habitats. Celle-ci a conduit à une réduction des émissions liées au chauffage résidentiel. Enfin, les émissions de gaz à effet de serre en France ont diminué de 16 % entre 1990 et 2015. Mais les émissions de CO2 dues au trafic routier sont est en hausse. Les tendances sont favorables pour les autres grosses sources d’émissions de CO2, notamment pour l’industrie manufacturière.
Maladies respiratoires : fortement exacerbées par la pollution de l’air
Les effets sanitaires sont beaucoup mieux connus grâce à des études épidémiologiques puissantes s’appuyant sur des effectifs importants. En termes d’effets sur la santé, le niveau moyen annuel de pollution, notamment particulaire, a un impact plus important que celui des pics de pollution. Les effets chroniques rendent compte de 90 % de la morbidité et mortalité observées. Il est démontré que pour éviter ou réduire la fréquence des épisodes de pics de pollution, il faut réduire la pollution de fond.
Cependant, les pics de pollution peuvent être responsables d’une augmentation des hospitalisations en urgence et d’une surmortalité significative (3).
Concernant le risque de cancer du poumon, une méta-analyse a porté sur les données recueillies par 17 cohortes européennes dans 9 pays (4). Ce travail montré l’effet de la pollution sur son incidence et a permis de chiffrer de façon objective le risque lié au PM10 et au PM2,5. Les deux types de particules fines sont fortement corrélés au risque d'adénocarcinome pulmonaire. Pour les PM10, la probabilité s'accroît de 51 % chaque fois que la concentration augmente de 10 µg/m3. Pour les PM2,5, ce chiffre s'élève à 55 % pour chaque incrémentation de 5 µg/m3.
Enfin, les gaz d’échappement des moteurs diesel sont cancérigènes sur le poumon.
* UMR CNRS 6249 chrono-environnement, service de pneumologie, pôle coeur-poumon, Hôpital Jean Minjoz et université de Franche-Comté, Besançon.
(1) Charpin D, et al. Rev Mal Respir 2016; 33(6): 484-508
(2) Medina S., et al. Saint-Maurice : Santé publique France ; 2016.
(3) Macintyre HL, et al. Environ Int 2016; 97: 108-16.
(4) Raaschou-Nielsen O, et al. Lancet Oncol 2013; 14(9): 813-22.
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