L’UN DES HUIT objectifs du Millénaire des Nations unies ambitionne de réduire de deux tiers la mortalité infantile mondiale chez les moins de 5 ans d’ici à 2015. Le nombre de décès dans cette classe d’âge est passé de 12,4 millions en 1990 à 8,1 millions en 2009 selon les chiffres 2011 de l’Organisation des Nations unies (ONU). Avec 3,6 millions de cas annuels, la mortalité néonatale (de 0 à 28 jours) représente encore plus de 40 % des cas de décès des enfants de moins de 5 ans dans le monde.
Les facteurs de risques de décès précoce sont multiples : naissances avant terme, encéphalopathie hypoxique ischémique, infections de types septicémie, méningite, tétanos néonatal, infections congénitales (cytomégalovirus, toxoplasme, syphilis, rubéole…). Si plusieurs millions de nouveau-nés atteints de maladies et d’autres complications survivent, les conséquences sanitaires à long terme chez ces enfants demeurent mal connues, en particulier dans les régions pauvres du globe. Une étude publiée la semaine dernière dans le « Lancet » estime que plus d’un tiers des enfants victimes de complications à leur naissance présentent à long terme des handicaps neuro-développementaux de gravité diverse. Les Drs Michael Mwaniki (Kenya Medical Research institute), Joy Lawn (Organisation Save the Children) et le Pr Charles Newton (Université d’Oxford) ont analysé 153 études parues dans des revues de référence entre 1966 et 2011 relatives aux conséquences neuro-développementales liées à des complications néonatales. S’appuyant sur un total de 22 161 sujets survivants de complications néonatales ou intra-utérines, les auteurs chiffrent à 39,4 % le risque de développer une séquelle quelconque.
Des séquelles évitables.
Parmi les handicaps les plus fréquemment relatés figurent les difficultés d’apprentissage, les troubles cognitifs et retards de développement (59 %), les paralysies cérébrales (21 %), les troubles auditifs (20 %) et visuels (18 %). Sur les 153 études passées au crible, une infime partie (40) comporte des données relatives à plusieurs handicaps. Sur les 2 815 sujets inclus par ces dernières, 37 % présentaient un handicap et 32 % un polyhandicap. Les auteurs remarquent que la plupart des études exploitables retenues dans leur analyse concernent essentiellement des régions d’Europe et d’Amérique du Nord où les standards de soins diffèrent grandement de ceux des pays pauvres. Aucune étude portant sur les complications liées à la syphilis pourtant source importante de complications n’a pu être incluse par les chercheurs. De même, seulement deux études ont pu renseigner sur les séquelles à long terme d’une infection par VIH survenue au cours de la période néonatale.
Bien que de faible envergure, ces études tendent à montrer qu’une infection par VIH intra-utérine ou durant la période néonatale peut être source de complications neurologiques à long terme bien supérieures à une infection par VIH survenant ultérieurement. D’autres études de plus grande ampleur s’avèrent toutefois indispensables pour mesurer les effets à long terme des infections précoces par VIH. Les auteurs soulignent par ailleurs l’impact des septicémies néonatales et autres infections qui augmentent considérablement le risque de développer des séquelles à long terme chez les nouveau-nés atteints (de l’ordre de 49 % pour un nouveau-né prématuré souffrant de septicémie contre 28 % pour un simple prématuré). En conclusion, les auteurs estiment que si les efforts doivent être poursuivis pour faire davantage reculer la mortalité infantile, la prévention, la prise en charge et le suivi des complications néonatales et intra-utérines doivent également être renforcés dans les pays pauvres pour limiter les sources de handicaps évitables chez les enfants.
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