D’ICI LA FIN DE L’ÉTÉ, l’unité d’hospitalisation à temps complet destinée aux enfants de 2 à 12 ans présentant une violence pathologique extrême, créée en 1998, risque de disparaître. De longue date, l’un des 2,5 médecins avait prévu de partir en août. Le passage à 1,5 équivalent temps plein met en péril le service de 6 lits.
Responsable de cette unité, le pédopsychiatre Maurice Berger bataille dur pour trouver un remplaçant. Mais la démographie médicale joue contre lui. « De nouvelles promotions de praticiens hospitaliers en psychiatrie sortiront en 2015. Mais d’ici là, il est très difficile de recruter », affirme-t-il. Ce n’est pas faute d’avoir cherché à l’étranger, en Suisse, au Québec, en Belgique ou au Luxembourg. « Nous avons accueilli 4 internes belges. Encore aujourd’hui, l’un d’eux travaille avec nous. Mais pour des raisons personnelles, ils ne souhaitent pas s’installer ici », explique le Dr Berger.
« C’est tout un pan de recherche qui va disparaître. On ne peut pas laisser cette tranche d’âge sans soins. Mais ces enfants ne tapent pas assez fort pour qu’on se préoccupe d’eux comme on le ferait pour des adolescents violents », déplore le pédopsychiatre, auteur de 2 ouvrages* sur le sujet.
Cette unité a été le lieu de plusieurs expérimentations, selon deux axes complémentaires : la contenance et l’écoute. Le premier dispositif, qui se concrétise par des bains thérapeutiques, un cadre fermé, et des prescriptions médicamenteuses, empêche l’enfant d’expulser hors de lui ses pulsions violentes. Le second lui permet d’exprimer ses émotions.
En 2012, 24 enfants y ont reçu des soins, de durées très variables, de 5 semaines à 1 an.
« Pourquoi l’administration du CHU ne fait-elle pas de ce recrutement une priorité ? Comment un CHU qui souhaite être un pôle d’excellence accepte la suppression de 6 lits, alors que les urgences en pédopsychiatrie se multiplient ? » s’interroge le Dr Berger.
Restructuration.
Plutôt que de suppression, la direction préfère parler de réorganisation de l’activité. « Nous constatons en effet un problème d’effectif médical dans ce service de pédopsychiatrie. Avec 1,5 médecin, on ne peut maintenir une telle organisation, mais il n’y a pas une volonté de suppression », assure Frédéric Boiron, directeur général du CHU de Saint-Étienne. Peut-il faire du recrutement d’un PH dans cette unité une priorité ? « C’est bien le directeur qui recrute, mais le meilleur recrutement a pour origine les praticiens », répond le DG.
« Parallèlement à ce problème de continuité de l’offre, nous avons le projet à la rentrée prochaine d’une nouvelle organisation du pôle de psychiatrie avec une meilleure coordination de la pédopsychiatrie sur les deux sites du CHU », poursuit Frédéric Boiron. Actuellement, le service du Dr Berger se situe en effet sur le site Bellevue, par ailleurs davantage orienté vers les soins de suite et la gériatrie, tandis que l’hôpital Nord accueille le service de psychopathologie enfants et adolescents, dirigé par le Dr Yves-Claude Blanchon. Le projet, qui est en discussion dans l’équipe médicale du pôle, prévoit plusieurs hypothèses, notamment la reconversion des lits du service du Dr Berger en hôpital de jour, et l’augmentation en parallèle du nombre de lits du service du Dr Blanchon pour l’hospitalisation complète.
*« Soigner les enfants violents », 2012, Dunod, 320 pages, 24,50 euros, et « Voulons-nous des enfants barbares ? », 2008, Dunod, 224 pages, 22,90 euros.
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