« Quand on est âgé et probablement au-delà de 80 ans, on développe de façon inéluctable une immunosenescence. On voit que les efficacités vaccinales - en particulier contre la grippe - ne sont pas toujours optimales chez ces personnes », a constaté le Pr Bruno Lina, chef de service du laboratoire de Virologie des Hospices Civils de Lyon, à l’occasion d’une table ronde sur la vaccination des seniors lors des derniers Entretiens de Bichat.
« Il faut bien évidemment continuer à les vacciner contre la grippe car il y a un reliquat de protection qui demeure. Mais il faut aussi admettre que toutes seules, ces personnes âgées ne peuvent rien faire », face au virus, poursuit le Pr Lina qui insiste sur l’importance de la vaccination en communauté. Seule manière de « mettre en place une barrière autour des personnes fragiles qui ne sont pas capables de développer une immunité correcte ». Aux yeux du virologue, l'ère de la personnalisation de la vaccination est pour bientôt : du vaccin vivant atténué par voie nasale durant les premières années de vaccination antigrippale des enfants à risques, au vaccin injectable de base trivalent ou quadrivalent jusqu’à l’âge de 65 ans, avant d’envisager ensuite le vaccin à haute dose offrant une protection « de 15 à 20 % supérieure » chez la personne âgée.
Informer sur les pneumocoques
En matière de vaccin antipneumococcique, beaucoup restent à faire pour améliorer les taux de vaccination chez les seniors, a fait remarquer le Pr Jacques Gaillat, infectiologue au CH d’Annecy-Genevois. « Une récente étude présentée aux journées nationales d’infectiologie a montré que sur 600 patients admis dans les hôpitaux avec une hémoculture positive, seulement 5 % étaient vaccinés. Or, 60 % de ces personnes avaient été en contact durant l’année avec le médecin généraliste, 45 % le spécialiste et 50 % l’hôpital », ajoute le Pr Gaillat qui pointe un sérieux problème d’information du patient sur la vaccination antipneumococcique. Si l’intérêt de celle-ci est encore discuté, « avec 50 à 60 % d’efficacité contre les infections invasives », les pneumocoques restent « les deuxièmes serial killers après la grippe », rappelle-t-il.
Nouveau paradigme du zona
Le Pr Gaillat prône également l’inclusion du zona en routine au sein du rendez-vous vaccinal du senior. Intégré au calendrier vaccinal 2016, « ce vaccin ouvre un nouveau paradigme de vaccination » axé sur la qualité de vie avec une efficacité essentiellement au niveau de la réduction des douleurs post zostériennes. Pour optimiser plus généralement la couverture vaccinale du senior, l’approche pluriprofessionnelle incluant « un même discours autour des usagers » est essentielle, a par ailleurs insisté le Dr Michel Serin, généraliste et membre du bureau de la Fédération française des Maisons et pôles de santé. Il convient enfin de ne pas oublier les nombreux seniors en bonne santé, non-intégrés dans un parcours de soins et qui peuvent échapper à la démarche de prévention vaccinale, a ajouté pour sa part Alain Delgutte, président de la section A (titulaires d’officine) au Conseil national de l’Ordre des pharmaciens.
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