Mis en ligne en 2016 par une jeune médecin généraliste, le site internet Déclic violence propose aux médecins des outils pour connaître l’essentiel sur les violences conjugales, savoir pourquoi et comment intervenir, ainsi que les pièges à éviter.
« Ce qui m’a donné l’idée de faire ce site, c’est une intervention du Collège de médecine générale sur les violences conjugales, explique le Dr Pauline Malhanche, médecin généraliste à Châtel-Guyon (Puy-de-Dôme) et créatrice du site. Ils ont diffusé le court-métrage qui s’appelle "Anna" et qui raconte l’histoire d’une femme victime de violences conjugales. Ça m’a beaucoup marquée et j’ai voulu me lancer sur le sujet. Lors de notre formation, nous n’abordons pas du tout les violences conjugales. J’ai donc effectué une formation via notre syndicat d’internes de médecine générale. Elle était dispensée par une médecin légiste, avec des associations de prise en charge des femmes victimes de violence. J’ai également décidé de faire une thèse sur le sujet. »
Pour sensibiliser les généralistes et leur offrir un outil pratique et utilisable en consultation, le Dr Pauline Malhanche décide d’élaborer un site internet. « J’ai fait de nombreuses recherches bibliographiques à partir de revues, de livres, de sites internet ou encore de thèses et de guidelines », explique-t-elle. À partir de cette documentation, elle élabore des fiches pratiques, relues ensuite par des professionnels : médecins légistes, avocats, psychiatres, sage-femmes, juristes, etc. « Le rôle du médecin généraliste commence par le dépistage, estime le Dr Malhanche. Il faut être vigilant dans ses consultations sur des signes qui pourraient nous évoquer des violences conjugales, qu’elles soient psychologique, physique ou sexuelle. Il faut savoir quels peuvent être ces signes, aborder la question avec la patiente et savoir reposer la question en cas de réponse négative, si on a un doute. Il y a une situation où il faut poser la question systématiquement, même s’il n’y a pas de signe évocateur, c’est pendant le suivi de grossesse. En effet, c’est une période à risque et il y a deux personnes concernées, le fœtus et la maman. »
Maintenir un lien de confiance
La seconde étape, c’est la prise en charge de la patiente quand les violences sont révélées. « Il faut l’accompagner dans son vécu des violences, qu’elle soit dans un état d’esprit où elle pense que ce n’est pas grave, ou bien qu’elle évolue vers une envie de changement de situation, développe-t-elle. Certaines personnes sont dans le déni. Le médecin doit avoir une attitude bienveillante, faire savoir qu’il est là, qu’on peut en parler. Il faut surtout maintenir le lien de confiance et garder le dialogue ouvert. Ça peut mettre des années. Il faut aussi penser aux protections de l’enfant, et savoir orienter la patiente vers des associations qui peuvent lui apporter de l’aide. Enfin, dans les situations où il y a mise en danger, un signalement judiciaire peut être fait. » Sur le site, le médecin généraliste peut retrouver des connaissances théoriques sur ce qu’est le phénomène de violence conjugale. « Il faut notamment comprendre la notion d’emprise, sinon il est difficile de comprendre et de bien prendre en charge les violences conjugales », estime le Dr Malhanche. Des fiches pratiques expliquent ensuite comment repérer et aborder le problème, comment évaluer la situation, que faire dans des situations d’urgence lorsqu’il faut faire un signalement, comment faire un certificat médical, et où orienter la patiente. « Pour le moment, il n’y a que les coordonnées des réseaux d’aide en Auvergne. Notre objectif est de faire une cartographie pour la France entière », prévoit le Dr Malhanche.
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