MALGRÉ les incertitudes, « l’adaptation de la société et du secteur de la santé doit être anticipée pour limiter les impacts négatifs du changement climatique », soulignent Mathilde Pascal et col. dans le « BEH ». Dans une note éditoriale, le lecteur est prévenu : « Si l’existence du changement climatique est aujourd’hui admise par la communauté scientifique internationale, la nature et l’ampleur des modifications du climat et de leurs conséquences environnementales restent entourées d’importantes incertitudes ». De nouveaux scénarios climatiques qui vont servir de base au cinquième rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) en 2014. Les précédents scénarios (rapport de 2007) suggéraient une hausse des températures moyennes comprise entre 1,1 et 6,4°C d’ici à 2100 et une multiplication d’événements climatiques extrêmes (vague de froid, canicule). En France, cette hausse serait de 0,83°C en 2030 par rapport à 1990 et de 1,37°C en 2050. Ces changements devraient avoir des impacts sur la santé et sur les systèmes de surveillance. Le « BEH » fait le point, en particulier sur la mortalité hivernale dans l’hémisphère Nord qui, sauf en cas de canicule exceptionnelle, est plus élevée que sur le reste de l’année. La surmortalité hivernale est essentiellement due aux maladies cardiovasculaires et respiratoires.
114 maladies infectieuses.
« De manière surprenante, à partir d’une analyse de la littérature, nous concluons qu’il semble peu probable que la mortalité hivernale diminue avec l’augmentation des températures », soulignent Patrick Kinney et col. Leur prévision est ici en contradiction avec celle des experts du GIEC qui avaient plutôt prévu une baisse de la mortalité. Les auteurs soulignent qu’entre 1998 et 1997, les taux de mortalité les plus élevés étaient rapportés au Portugal, en Espagne et en Irlande. Une des hypothèses serait une plus grande vulnérabilité de la population du fait d’une moindre adaptation aux épisodes de froid.
Une deuxième grande conséquence du changement climatique concerne les maladies infectieuses dont l’incidence est en nette augmentation ces dernières années. « Sur la période 1950 à 2010 et à l’échelle de 36 pays, 114 maladies infectieuses épidémiques ont été répertoriées », notent Serge Morand et col. En 2009, l’Institut de veille sanitaire (InVS) a évalué l’état de préparation de ses systèmes de surveillance pour faire face aux maladies infectieuses émergentes. Des agents ou groupe d’agents pathogènes ont été identifiés comme potentiellement modifiés par le changement climatique, 21 au total. D’après cette évaluation, « les systèmes existants apparaissent, à ce jour suffisants pour identifier des augmentations de cas ou des modifications épidémiologiques et, au besoin, émettre l’alerte », relèvent Dounia Bitar et col. En témoignent, les plans anti-dissémination de la dengue et du chikungunya qui ont permis en 2010 d’identifier des cas autochtones de dengue à Nice (Alpes-Maritimes) et à Fréjus (Var).
Quant à la surveillance des événements extrêmes, elle a bénéficié de la crise sanitaire de l’été 2003. Le plan national canicule permet désormais d’évaluer la situation sanitaire, d’alerter et d’aider à adapter les mesures à partir des données provenant des décès totaux et des réseaux Oscour (organisation de surveillance coordonnée des urgences) et SOS médecins.
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