Le grand tournoi de tennis politicien, qui consiste à marquer des points contre le camp adverse, ne présente aucun intérêt au regard des attentes économiques et sociales. Dans un système politique caractérisé par le scrutin majoritaire, la crise aura eu raison des deux grandes formations habituées à gouverner. La tentation offerte par le Front national séduit les protestataires excédés, elle n’est pas pour autant majoritaire. La droite et la gauche sont conviées à un immense aggiornamento : l’exécutif est combattu par des troupes de moins en moins loyales et l’opposition, accablée par les scandales, n’offre guère une alternative crédible. Sa décomposition ne fait pas d’elle le groupe le mieux qualifié pour résoudre des problèmes lancinants que personne n’a résolus jusqu’à présent. Les institutions nationales et européennes soulèvent donc un doute, aussitôt assorti d’une crainte : la France, si elle faisait cavalier seul, n’aggraverait-elle pas ses maux ? Trouverait-elle dans son corps malade et dans son esprit embrumé les ressources capables de lui donner un destin à la fois triomphant et solitaire ? C’est bien peu probable.
De sorte que se pose désormais la question de la compétence de ceux qui nous gouvernent ou nous ont gouvernés. Comment ont-ils pu commettre autant d’erreurs stratégiques, comment n’ont-ils pas vu venir les défis de la mondialisation, pourquoi n’ont-ils pas réagi plus tôt à la désindustrialisation, pourquoi ont-ils laissé se creuser le déficit du commerce extérieur, marqueur tout aussi important que l’endettement de notre déclin ? En attendant que la recherche historique nous fournisse les tenants et les aboutissants de ce fiasco, la première pensée qui vient à l’esprit, c’est que nous avons été collectivement victimes de notre aveuglement. Ce n’est pas tant la stupidité de nos dirigeants (quoique) qui nous a conduits à l’explosion du chômage que le foisonnement des avis idéologiquement contradictoires, techniquement contestés et livrés sans cesse à la polémique. Nous débattons plus que nous agissons dans des domaines où il n’existe pas de science exacte et où les remèdes qui nous apportaient naguère un répit sont devenus, à notre grand étonnement, totalement inefficaces.
Le mérite serait de durer.
Voilà pourquoi le militantisme politique est plus que jamais suspect, pour autant que la défense d’une chapelle ou d’un dogme ait jamais apporté un soulagement aux foyers, trop nombreux, qui ne joignent pas les deux bouts. Voilà pourquoi les batailles parlementaires, la dénonciation des faiblesses du pouvoir, la condamnation de la délinquance politique à droite ne nous apportent rien, sinon un peu plus de confusion, d’amertume, de découragement. Les millions de citoyens non-engagés qui votent tantôt à gauche, tantôt à droite, tantôt au centre, réclamernt avant tout de leurs gouvernants de la persévérance. De ce point de vue, la fronde qui casse la gauche au pouvoir est pire que de la déloyauté, pire que l’affaiblissement du pouvoir, elle nous prive d’une expérience dont on ne saura jamais si elle nous sortira ou non de l’ornière dès lors qu’elle n’aura pas été poursuivie jusqu’à son terme. En dépit de l’autorité et de la détermination du Premier ministre, on voit bien qu’il est condamné à ménager ses adversaires, ce qui le conduit à alterner les mesures propres à assainir l’économie et les décisions susceptibles de satisfaire le grand cœur de la gauche. Le mérite de Manuel Valls sera de durer. Ne rêvons ni d’une alternance lointaine ni d’un chamboulement qui nous achèverait. De droite ou de gauche, donnons une chance à la réforme.
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