LES CONCESSIONS faites par le gouvernement et entérinées par le Sénat sont restées lettre morte. Elles n’ont pas réduit d’un iota la détermination des grévistes. Proposer de nouvelles avancées, c’est réduire la réforme à une peau de chagrin. Elle n’a d’intérêt que si elle tend, à terme, à l’équilibre des régimes. Pour le moment, l’Élysée et Matignon campent sur leurs positions. Ils se battent dans des échauffourées périphériques. Ils dénoncent l’irruption des jeunes dans le mouvement, ce qui montre l’énorme fossé culturel entre des adolescents tellement nourris au sein de l’État-mamma qu’ils en sont à défendre la fin de leur vie avant même d’avoir vécu ; ils stigmatisent l’irresponsabilité de Ségolène Royal, qui incite les lycéens à sécher les cours, mais sans ignorer qu’elle sera entendue par ces jeunes gens survoltés et que, comme Nicolas Sarkozy, elle met les événements au service de ses ambitions électorales ; ils constatent, sans déplaisir, que même les socialistes de Marseille sont révoltés par les grèves portuaires, fomentées par les dockers malgré la signature d’un accord avec la CGT. Mais, si le pays est paralysé dans une semaine par le manque de carburants, si le chaos règne dans le pays au-delà de demain, jour de la prochaine manifestation, si, globalement, les Français rejettent la réforme avec la virulence que l’on sait, est-il possible d’adopter un texte de loi sans l’adhésion du peuple ?
Une digression sur la fiscalité.
La dernière idée en date de Nicolas Sarkozy, c’est la réforme fiscale. Des parlementaires de l’UMP souhaitaient abolir et le bouclier fiscal et l’impôt sur la fortune (ISF). L’Élysée a dû mettre le holà à cette tentative précipitée, mais mardi, pendant l’agitation dans les grandes villes, il a annoncé une grande réforme de la fiscalité l’année prochaine, elle-même induite par le désir récemment réaffirmé de faire converger les fiscalités française et allemande. Il n’empêche que, si l’opposition accepte avec délectation l’abolition du bouclier fiscal, elle reste profondément hostile à la suppression de l’ISF. Qu’il n’existe aucun rapport apparent entre la fiscalité et les retraites, sinon qu’une réforme de la première permettrait de mieux taxer les riches (on devrait même proposer une nouvelle politique des revenus qui éviterait le changement permanent des règles fiscales). Qu’aux yeux des manifestants, il n’y a qu’un front ou un feu et qu’ils ne seront pas dupes si un nouveau front est ouvert ou un contre-feu allumé.
SARKOZY DOIT-IL FAIRE UN GESTE EN DIRECTION DES SYNDICATS ?
Bien malin est celui qui peut dire aujourd’hui comment tout cela va finir, tant les deux adversaires, gouvernement d’un côté, syndicats et opposition de l’autre, sont enfermés dans leur obstination. Comme nous n’avons cessé de l’écrire, la réforme des régimes de retraite nous semble inévitable. Mais justement, elle comporte un enjeu tellement élevé que la majorité populaire qui lui est hostile ne peut la combattre qu’en créant les conditions d’un chaos propre à remplacer une priorité par une autre, encore plus urgente. Les dirigeants syndicaux, qui, en réalité, ne souhaitent pas que le pays en vienne à de telles extrémités, sont inquiets de la radicalisation du conflit car il pourrait provoquer un retour de flamme. Ils accusent le gouvernement de jouer le pourrissement de la crise. Il demeure que la réforme risque d’être handicapée, pour autant qu’elle soit mise en œuvre, par l’affaiblissement économique que provoquerait une crise d’une durée excessive. Des deux côtés, on tente de maîtriser ses propres tremblements de peur. Dans ces conditions, pourquoi Nicolas Sarkozy n’appelle-t-il pas les chefs syndicalistes à l’Élysée pour leur proposer la même réforme, mais peut-être avec des aménagements capables d’en assurer un financement que ses interlocuteurs jugeraient plus équitable ? Parce que, sans doute, ce n’est pas dans son caractère. Quant à l’opposition, qui a un projet de reconquête du pouvoir, elle devrait se demander s’il lui conviendrait de gagner les élections de 2012 pour ramasser la France avec une petite cuiller.
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