La prévalence de l'usage de la cigarette électronique a doublé chez les adolescents américains entre 2017 et 2019. C'est ce qu'il ressort des dernières données communiquées par les instituts nationaux américains de la santé (NIH) dans le « New England Journal of Medicine ».
Les auteurs s'appuient sur une enquête annuelle évaluant les niveaux de consommation des adolescents. Ils ont cherché à mesurer le pourcentage d'adolescents qui, dans chaque groupe d'âge, affirme avoir utilisé une cigarette électronique contenant de la nicotine au moins une fois au cours du mois écoulé. Ils ont observé que 25 % des élèves de terminale (12e grade aux États Unis), 20 % des élèves de seconde (10em grade) et 9 % des élèves de quatrième (8em grade) réponds positivement à cette question. En 2017, ces pourcentages n'étaient que de respectivement 11, 3,2 et 7,5 %. Les taux d'usages dans l'année écoulée sont encore plus élevés : 35,1 % en terminale, 31,1 % en seconde et 16,1 % en quatrième.
Une augmentation inédite en 44 ans
De tels chiffres inquiètent fortement la directrice de l'institut national américain dédié à la toxicomanie (NIDA) : « Ces dispositifs introduisent la nicotine, un produit hautement addictif, dans des cerveaux encore en développement, explique-t-elle. J'ai bien peur que nous ne fassions que commencer à comprendre les possibles risques sanitaires auxquels s'exposent les jeunes consommateurs de cigarettes électroniques. ». Le NIDA suit les tendances des habitudes de consommation des adolescents américains depuis 44 ans. L'ampleur de la hausse de la consommation de cigarette électronique est sans précédent, et n'avait jamais été observée avec aucune autre substance.
Pour le NIDA, une telle envolée ne doit rien au hasard : « les efforts de régulation consentis par l'industrie, les agences gouvernementales et les établissements scolaires se révèlent pour l'instant insuffisants », jugent-ils.
Surveiller le vapotage en France
Ces résultats s'inscrivent dans les remous qui secouent actuellement la cigarette électronique. Après son interdiction aux États-Unis (en ce qui concerne les cigarettes aromatisées) et en Inde, l'agence Santé publique France a annoncé l'élaboration, en lien avec la Direction générale de la santé un dispositif de signalement des cas de pneumopathies sévères survenues chez des utilisateurs de dispositifs électroniques de vapotage.
Ce dispositif de surveillance fait suite à l'alerte sur une étude épidémiologique des CDC américains, faisant état de plus de 450 utilisateurs de cigarettes électroniques présentant une atteinte respiratoire de pathologies pulmonaires sévères, dont 6 décès. Conçu avec l'appui de la Société de pneumologie de langue française, de la Société de réanimation de langue française et de la Société française de médecine d'urgence, le dispositif français s'appuie sur les signalements de pathologies pulmonaires graves prises en charge dans les hôpitaux.
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