Les objectifs des recommandations et leur méthode d’élaboration ont été revus dernièrement par la HAS. Pourquoi ces évolutions ?
Dr Michel Laurence. Face à certaines crtiques des professionnels sur les recommandations de bonne pratique (RBP), nous avons souhaité réfléchir avec eux pour adapter le produit à leurs attentes. Nous souhaitions par ailleurs faire évoluer les méthodes afin d’y ajouter des améliorations et tirer toutes les conséquences des critiques de pertinence et de lisibilité mais aussi de transparence suscitées par certains documents.
En pratique quels sont les principaux changements proposés ?
Dr M.L. L’élaboration d’une RBP ne doit plus être un objectif en soi, mais s’intégrer dans un programme de bonne pratique, dans le grand mouvement du DPC. Il faut donc que ces RBP répondent à des besoins identifiés par les professionnels de terrain, soit à travers des études de pratiques, soit au travers de leurs connaissances. C’est pourquoi la HAS propose de ne plus émettre des recommandations sur la totalité de la prise en charge d’une maladie, mais de répondre à des questions spécifiques sur des points d’amélioration des pratiques.
L’autre changement majeur consiste à simplifier leur élaboration en utilisant uniquement, quand cela est possible, les forts niveaux de preuve. En effet, si l’on dispose d’une méta-analyse de méthodologie correcte, il n’est alors pas utile d’analyser exhaustivement toute la littérature pré-existante. Ces modifications devraient permettre d’accélérer la production des RBP et d’aller vers des textes plus courts que le médecin pourra plus facilement s’approprier. L’idée est de proposer des documents plus didactiques avec 15 à 20 recos maximum, un arbre décisionnel quand cela est possible, des schémas, etc.
Se pose aussi la question de l’actualisation des RBP et de leur pertinence en médecine générale où les patients cumulent souvent les pathologies...
Dr M.L. Après la réflexion conduite sur les méthodes d’élaboration des RBP, nous allons nous concentrer sur ces points plus précis. Concernant l’actualisation des recommandations, nous allons mener une réflexion commune avec les professionnels concernés, en sachant que plus les recommandations seront ciblées sur des points spécifiques, plus elles seront faciles à actualiser. La vraie difficulté est plus de savoir ce qu’il faut actualiser et quand est-ce qu’il faut le faire. Concernant le problème de la polypathologie, nous avons également ouvert un chantier sur ce thème, mais c’est un sujet difficile pour lequel aucun pays n’a trouvé de solution jusqu’à présent. Quand à l’approche par symptôme, qui est aussi souvent revendiquée par les généralistes, les nouvelles méthodes d’élaboration proposées par la HAS n’empêchent en rien une entrée par symptômes. Libre aux sociétés qui s’en empareront de choisir ce type d’approche.
Vous souhaiter donc impliquer d’avantage les organismes de terrain dans la rédaction
des recommandations ?
Dr M.L. Oui, la HAS souhaite favoriser l’élaboration des recommandations par les professionnels de terrain. Si la HAS est le garant de la méthode, l’élaboration de cette méthode doit rester partagée avec les professionnels. L’appropriation des recos par les praticiens doit passer par une décentralisation de la production d’outils. La HAS se concentrera sur les RBP dont les thématiques sont transversales et sujettes à controverse et sur les demandes institutionnelles.
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