Alors que la surveillance des infections nosocomiales a été renforcée ces dernières années, la vigilance reste de mise. Le dernier BEH, publié ce mardi par l’Invs, alerte les professionnels de santé sur le développement d’une bactérie multirésistante : ABRI. Le bulletin précise qu’Acinetobacter baumannii (AB) « peut être responsable d’infections sévères, en particulier chez des patients fragilisés » et se penche notamment sur sa souche ABRI résistante à l’imipénème, particulièrement présente dans les services de réanimation et de grands brûlés.
Une bactérie en forte augmentation
Même si son incidence reste faible - sur les 10 288 signalements d’infections nosocomiales effectuées entre août 2001 et mai 2011, seulement 343 (3,3 %) impliquaient ABRI - reste qu’elle est « en très nette augmentation ». Les signalements pour ABRI représentaient entre 2 et 3 % de l’ensemble des signalements pour infections nosocomiales (SIN) entre 2003 et 2008. Ils sont passés à 3,2 % en 2009, 5,1 % en 2010 et 11,1 % sur les cinq premiers mois de l’année dernière. ABRI a été retrouvée sur un total de 1 028 patients entre 2001 et 2011, dont 172 sont décédés, ce qui représente un taux de mortalité brute de 17 %. La bactérie se retrouve le plus fréquemment dans les infections respiratoires (37 %), les septicémies (18,9 %) ou les infections urinaires (12,6 %). Si le pouvoir pathogène des AB est normalement « faible », comme l’affirment les experts de l’Invs, il peut être responsable de bactériémies et d’infections sévères comme des pneumonies ou encore des infections sur cathéter chez des « patients fragilisés », notamment les patients en réanimation, les immunodéprimés et les grands brûlés.
Vigilance renforcée et mesures d’hygiène
Les auteurs de l’étude invitent donc les professionnels de santé à une « vigilance renforcée ». Quant aux mesures de précaution, pour le contrôle d’une épidémie à AB, les experts préconisent le « respect strict des procédures habituelles d’hygiène » comme le lavage des mains, le nettoyage soigneux des surfaces, la mise en place de protocoles d’isolement ou encore le dépistage systématique des patients porteurs et leur signalisation lorsqu’ils sont transférés. Les bactéries multirésistantes aux antibiotiques sont un véritable fléau : les infections nosocomiales sont responsables de 4 200 décès par an, en France. Et l’émergence des ABRI a également été rapportée au niveau européen.
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