Alzheimer : l'effet protecteur des cellules microgliales démontré

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Publié le 17/03/2016

C'est un fait avéré : la constitution de plaques amyloïdes dans la maladie d'Alzheimer entraîne une activation des cellules immunitaires et inflammatoires du cerveau, dont les principaux acteurs sont les cellules microgliales. Mais jusqu'à peu, le rôle exact de ces cellules faisait encore débat : l’inflammation permet-elle de protéger le cerveau contre la maladie ou aggrave-t-elle l’évolution de la maladie ? L’étude IMABio3*, promue par l’AP-HP et publiée dans la revue « Brain », y répond explicitement, en identifiant leur rôle protecteur précoce dans cette affection.

Pour cela, les équipes du Centre hospitalier Sainte-Anne, du CEA, du centre de recherche Saint-Antoine, de l’Institut du Cerveau et de la moelle épinière (INSERM/CNRS/UPMC) et des chercheurs de Roche ont analysé, auprès de 96 sujets, l’activité microgliale grâce à l’utilisation d’un traceur de nouvelle génération en tomographie par émission de positon (TEP) au service hospitalier Frédéric-Joliot (Orsay, 91). En parallèle, les plaques amyloïdes ont été quantifiées par imagerie cérébrale chez ces mêmes patients.

L'activité microgliale limite l'évolution de la maladie

Les résultats montrent que l’activation des cellules microgliales est associée à la présence des plaques amyloïdes, et qu’elle est d’autant plus importante que la maladie est à un stade précoce. Afin de mesurer son impact sur l’évolution des symptômes, les patients ont été suivis pendant deux ans. Ceux dont l’activité microgliale était initialement élevée sont restés globalement stables cliniquement, alors que les patients qui présentaient une faible activité microgliale initiale ont évolué défavorablement vers un déclin de l’autonomie. Ce qui suggère un rôle protecteur de la réaction inflammatoire microgliale sur l'évolution de la maladie.

De plus, ce mécanisme semble apparaître au stade préclinique, puisque l’activation des cellules microgliales a été observée chez les sujets asymptomatiques à risque de maladie d’Alzheimer (c’est-à-dire dont la présence de plaques amyloïdes a été observée mais sans effet sur la santé). Cependant, à un certain stade, lorsque la maladie évolue, l’inflammation pourrait « s’emballer » devenant alors délétère.

En faveur du diagnostic précoce



Cette étude, la première de cette ampleur jamais réalisée chez l’homme avec cette technique innovante d’imagerie cérébrale, montre le rôle bénéfique et protecteur du système immunitaire au cours des stades précoces de la maladie d’Alzheimer. Elle souligne l’importance de diagnostiquer la maladie au plus tôt et ouvre de nouvelles perspectives thérapeutiques pour ralentir, voire empêcher son évolution.

* L’étude IMABio3 porte sur le rôle des réactions inflammatoires et immunitaires anti-amyloïdes centrales et périphériques dans la maladie d’Alzheimer débutante.
Betty Mamane

Source : lequotidiendumedecin.fr