Antibiorésistance : en 10 ans, des antibiotiques plus prescrits, mais mieux utilisés

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Publié le 15/11/2018
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Crédit photo : PHANIE

En France, il a été vendu 759 tonnes d'antibiotiques destinés à la santé humaine en 2017 et 499 tonnes d'antibiotiques destinés à la santé animale. Selon les données de l'ANSM, si la consommation d'antibiotique en ville (93 % des prescriptions) s'inscrit dans une tendance à la hausse depuis 10 ans : 29,2 doses/1 000 habitants/jour en 2017 contre 28,6 doses/1 000 habitants/jour en 2007, elle est néanmoins en baisse par rapport au pic en 2016 (30,3 doses/1 000 habitants/jour). Cette tendance se double d'un respect plus scrupuleux des règles de bon usage des antibiotiques.

Grâce aux indicateurs de la rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP), l'Assurance-maladie a pu constater une baisse des prescriptions des antibiotiques les plus générateurs d'antibiorésistance (amoxicilline + acide clavulanique, céphalosporine de 3e et 4e générations) : -3,7 prescriptions pour 100 patients par rapport à 3016, soit 340 000 prescriptions évitées. Le nombre de prescriptions d'antibiotiques en santé animale poursuit quant à lui sa chute, -48 % depuis 2007, poussé par les actions des 2 plans écoantibio.

Les règles de bon usage mieux respectées

Au-delà de la simple réduction de l'usage des antibiotiques, le plan de lutte contre l'antibiorésistance prévoit 2 leviers d'action : la prévention des infections et l'amélioration de l'usage des antibiotiques. Ce bon usage s'appuie sur l'utilisation de tests et d'antibiogrammes pour utiliser des doses adéquates antibiotiques dans la bonne indication.

Selon les règles de bon usage des antibiotiques, la prescription en première intention d'amoxicilline seule doit être privilégiée, si possible, car elle est moins génératrice de résistance. Les chiffres de l'ANSM indiquent qu'en 10 ans, les consommations de pénicillines ont augmenté de 28,6 %, tandis que celle de céphalosporines de 3e et 4e générations (-35,1 %) de fluoroquinolones (-37,3 %) et de tétracyclines (-9,1 %) ont nettement diminué.

12 500 décès par an

Entre 2008 et 2017, l'agence Santé publique France constate des « succès fragiles » en matière d'évolution de l'antibiorésistance. En ville, les résistances aux céphalosporines de 3e génération chez Escherichia coli ont été multipliées par 3,7, mais diminuent depuis 2015. Le taux de résistance à la pénicilline des Streptococcus pneumoniae, a quant à elle reculé, passant de 34 à 25,9 % en 10 ans.

En établissement de santé, les résistances aux céphalosporines de 3e génération chez Escherichia coli sont passées de 2 % en 2007 à plus de 10 % en 2017, et celles des Streptococcus pneumoniae céphalosporines de 3e génération sont passées de 10 à 28,8 %. L'antibiorésistance serait responsable chaque année du décès de près de 12 500 personnes chaque année en France.

40 millions pour la recherche

La lutte contre la résistance aux antibiotiques va bénéficier de 40 millions d'euros d'investissement, a annoncé mercredi la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche Frédérique Vidal, à l'occasion d'un colloque interministériel sur l'antibiorésistance. Ce programme coordonné par l'Inserm visera à « comprendre les mécanismes d'apparition et de diffusion des résistances et découvrir de nouvelles cibles thérapeutiques ». Parallèlement, un logo présent sur les boîtes alertera sur la surconsommation des antibiotiques.

Le centre européen de prévention et contrôle des maladies (ECDC) a pour sa part appelé ce matin les pays de l'Union européenne à une action commune contre l'antibiorésistance. L'ECDC publie également 2 études sur les prévalences d'usage des antibiotiques en soins intensifs et lors d'hospitalisations de longue durée. Dans les 2 études, la France figurait parmi les bons élèves, avec une prescription d'antibiotiques pour 2,7 % des patients hospitalisés pour de longues durées et pour 19,7 % des patients admis en soins intensifs, contre respectivement 4,9 et 30,5 % en moyenne dans l'ensemble de l'Union européenne.


Source : lequotidiendumedecin.fr