L E réseau Résalis est implanté dans l'Eure, c'est-à-dire dans l'un des départements d'une région, la Haute-Normandie, où la prévalence de l'asthme est de 5,96 %, contre 5,8 % au niveau national, ainsi que le souligne le Pr Pierre Duroux, président du conseil scientifique de ce réseau.
Résalis vise à améliorer l'état de santé, la qualité de vie et l'autonomie des patients asthmatiques intégrés au réseau, notamment à travers une prise en charge médicale coordonnée et des séances d'éducation dans un « centre du souffle » (inauguré à Evreux le 26 octobre 2000).
A l'origine, les deux copromoteurs de Résalis, la caisse primaire d'assurance-maladie (CPAM) de l'Eure et le Laboratoire pharmaceutique Alliance Médica (filiale du groupe GlaxoWellcome France), ont conçu leur projet dans la droite ligne des expérimentations de réseaux de soins prévus par les ordonnances Juppé sur la réforme de l'assurance-maladie.
Un budget de 22 millions de francs
Si le projet Résalis a reçu au début de 1999 l'avis favorable du conseil d'orientation des filières et réseaux de soins, présidé par Raymond Soubie, il n'a jamais été agréé par le ministère de l'Emploi et de la Solidarité. En conséquence, l'association chargée de Résalis n'est pas autorisée à accorder aux professionnels de santé participant à ce réseau des rémunérations forfaitaires qui dérogent aux règles de l'assurance-maladie. Résalis, malgré tout, a été mis en place avec un budget de 22 millions de francs sur trois ans, financé essentiellement par le Laboratoire Alliance Médica (à hauteur de 50 %) et la CPAM de l'Eure (25 %, comprenant l'aide à l'informatisation de 9 000 F par médecin, tous les remboursements des patients asthmatiques, certains frais d'aménagement du Centre du souffle...). Le quart restant est financé par des partenaires divers tels que le conseil général, la municipalité d'Evreux, l'agence régionale d'hospitalisation, etc. Grâce au Fonds d'aide à la qualité des soins de ville (FAQSV) de l'Union régionale des caisses d'assurance-maladie (URCAM) de Haute-Normandie, les deux médecins coordonnateurs (un généraliste et une pneumologue) et deux auxiliaires médicaux reçoivent respectivement 850 F et 550 F pour chacune de leurs vacations d'une demi-journée au Centre du souffle (ils ont quatre vacations par mois au total).
Médecins pionniers
Aucune rémunération n'est prévue en revanche pour les autres professionnels du réseau, à savoir 43 médecins généralistes, 40 pharmaciens, 5 infirmières et 16 masseurs-kinésithérapeutes. « Le système est bancal », reconnaît le Dr Didier Cadinot, l'un des deux médecins coordonnateurs. Selon lui, « c'est quasiment un travail de recherche » pour les 43 médecins « pionniers », qui prennent le temps de saisir les données relatives au suivi de leurs patients, et ont contribué, depuis 1999, à la constitution d'une base de connaissance de l'asthme à partir de 1 000 consultations.
En contrepartie de leur collaboration, ces professionnels disposent de référentiels de pratique et surtout d'un système d'informations, un réseau Intranet sécurisé qui leur permet de partager leurs connaissances médicales et le dossier de chaque patient. Les médecins du réseau seront aussi sollicités pour suivre des séminaires de formation continue durant lesquels ils recevront une indemnité, conformément à ce qui est prévu dans le cadre de la formation professionnelle conventionnelle des généralistes.
Sur plusieurs années, le « travail lourd » effectué par les médecins ne pourra se poursuivre sans « retombées économiques », rappelle toutefois le Dr Cadinot. « Nous ne désespérons pas d'avoir l'agrément ministériel », précise pour sa part Martine Roy, directeur de l'économie de la santé de la CPAM de l'Eure. Les promoteurs de Résalis espèrent également obtenir une aide du Fonds d'aide à la qualité des soins de ville pour financer la moitié de l'indispensable évaluation du dispositif mis en place.
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