Si « Le Généraliste » était paru en 1913

Beauté trompeuse

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Publié le 24/06/2017
histoire

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Samedi soir, à l'Opéra-Comique, on jouait la délicieuse fantaisie d'Henri Murger, Scènes de la vie de bohème. C'était soirée d'abonnement et, tandis que sur la scène la pauvre petite Mimi Pinson soupirait après un manchon, dans la salle, s'étalaient à profusion des richesses : brillants dans les cheveux, perles en collier, or en sautoir, émeraudes aux doigts ; dentelles, soies, broderies, aigrettes à tous les fauteuils.

Le rouge effaçait l'anémie, le blanc, la couperose. L'artifice suppléait la nature et de loin, surtout à neuf heures, l'ensemble était harmonieux.

Plus tard, quand les émotions du spectacle et la chaleur du milieu eurent altéré la solidité des échafaudages, apparurent au milieu de ces élégantes d'innombrables verrues ; nez luisants de séborrhée, couverts de comédons ; pustules d'acné outrageant les épaules outrageusement décolletées ; et même, si j'ai bien vu, petites papules finement squameuses où s'abritait le tréponème.

Pour Dieu, mesdames et mesdemoiselles, voilà bien un signe des temps ! On veut paraître, plaire et même éblouir, mais on ne se préoccupe guère des moyens vraiment sincères pour atteindre la beauté vraie.

Fréquentons moins les thés de cinq heures aux indigestes gâteaux, les skatings où l'on glisse dans la poussière, les grands magasins irrespirables. Écoutez davantage les conseils de votre médecin, s'il est hygiéniste et n'a pas peur, ni de l'air, ni de l'eau. Mais cachez vos épaules tant que le grand air, la marche, l'exercice ne leur auront pas donné une largeur suffisante et la peau souple et ferme, qu'aucune crème, fut-elle divine, ne peut fabriquer. Il n'y a pas de beauté possible sans la santé.

(Dr G. Millian, Paris médical, 1913)


Source : lequotidiendumedecin.fr